(Ajoute source, détails de la réunion entre Sadr et Amiri §§8-9)

BAGDAD, 20 mai (Reuters) - Le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi a rencontré samedi le religieux Moktada al Sadr dont la formation nationaliste chiite a remporté les élections législatives en Irak, laissant entrevoir la possibilité d'une coalition entre les deux dirigeants.

"Lors de notre rencontre, nous avons convenu de travailler ensemble et avec les autres partis pour accélérer le processus de formation d'un nouveau gouvernement irakien", a déclaré Abadi devant la presse.

"Ce sera un gouvernement fort, capable d'apporter aux citoyens les services, la sécurité et la prospérité économique", a-t-il ajouté.

Sadr, adversaire de longue date des Etats-Unis en Irak et opposé à l'influence iranienne dans son pays, ne pourra pas prendre la tête du gouvernement car il n'était pas candidat lors des élections législatives.

La victoire de sa coalition Sairoon, qui dispose de 54 élus au parlement, le place en position de force pour négocier avec Abadi.

"Notre porte est ouverte à quiconque veut construire le pays et que cela soit une décision irakienne", a déclaré Moktada al Sadr.

La formation conduite par Hadi al Amiri, l'une des plus influentes figures politiques du pays, est arrivée en deuxième position du scrutin. Amiri, qui dirige un ensemble de groupes paramilitaires, entretient des liens étroits avec l'Iran depuis des décennies.

Moktada al Sadr a d'ailleurs rencontré dimanche Hadi al Amiri, à Nadjaf, à 160 km au sud de Bagdad. Au cours de cette réunion, les deux rivaux ont discuté des résultats des élections, selon un communiqué du cabinet de Sadr.

"Le processus de formation d'un gouvernement doit être une décision nationale et, qui plus est, doit inclure la participation de tous les blocs arrivés en tête", dit le communiqué.

Avant les élections, Téhéran, qui a pesé dans le choix du chef du gouvernement irakien par le passé, a publiquement indiqué qu'il ne permettrait pas à la coalition de Sadr de gouverner l'Irak.

Même s'il dispose du plus grand nombre de députés au parlement, cela ne signifie pas que Sadr soit en position de désigner le prochain Premier ministre.

Les différentes formations politiques vont donc devoir engager des négociations afin de constituer une alliance suffisamment large pour disposer de la majorité.

Le gouvernement doit être formé dans les 90 jours suivant le scrutin mais les discussions pourraient durer des mois.

Les élections ont constitué un revers pour Abadi mais il pourrait malgré tout apparaître comme l'homme du compromis car il est parvenu à ménager jusqu'à présent les intérêts divergents des Américains et des Iraniens. (Raya Jalabi; Pierre Sérisier et Arthur Connan pour le service français)