BAGDAD, 25 mai (Reuters) - Le grand ayatollah Ali Sistani, plus haut dignitaire chiite d'Irak, a prié mercredi les forces gouvernementales qui tentent de reprendre Falloudja aux djihadistes de l'Etat islamique (EI) d'épargner les civils.

De lourdes pertes dans cette ville majoritairement sunnite, où l'armée est passée à l'offensive lundi avec l'appui de milices chiites, aggraveraient des tensions religieuses déjà très vives.

"Sayyed Sistani réitère ses recommandations en ce qui concerne le respect des règles éthiques de la guerre sainte", a déclaré le cheikh Abdoul Mahdi al Karbala, porte-parole de l'ayatollah.

"Ne soyez ni extrême (...) ni perfide. Ne tuez ni vieillard ni femme ni enfant. Ne couper pas d'arbre sans obligation", a-t-il ajouté, citant Mahomet.

Le Haut commissariat de l'Onu aux réfugiés avait lui aussi invité la veille les deux camps à épargner les civils de Falloudja, assiégés depuis six mois, et a protéger ceux qui tentent de fuir les combats.

"Il n'y a plus de nourriture sur les marchés et les médicaments manquent, ce qui met les enfants et les personnes âgées en grand danger", souligne quant à elle l'organisation Save the Children dans un communiqué diffusé mercredi.

L'artillerie irakienne a pilonné mercredi les quartiers du nord et du sud de la ville, selon un habitant joint via internet.

Un membre du personnel de l'hôpital de Falloudja a fait état de 26 civils et de 17 combattants de l'EI tués depuis le début de l'offensive, lundi.

"D'intenses combats font rage autour de la ville", dit Save the Children. Seulement 700 personnes, dont 400 enfants, ont pu s'enfuir mardi, poursuit l'ONG, ajoutant que 50.000 habitants sont retenus contre leur gré. Avant la guerre, Falloudja comptait 300.000 âmes. Selon les autorités irakiennes et américaines, il en reste une centaine de milliers. (Maher Chmaytelli et Saif Hameed, Jean-Philippe Lefief pour le service français)