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BAGDAD, 22 août (Reuters) - Des miliciens chiites irakiens ont attaqué vendredi une mosquée sunnite dans un village de la province de Diyala, dans l'est de l'Irak, tuant au moins 68 personnes, a-t-on appris de sources sécuritaires et auprès de la morgue.

Les corps ont été acheminés à l'hôpital de la ville de Bakouba, à un cinquantaine de kilomètres au nord-est de Bagdad, ont ajouté les sources.

La province de Diyala a été le théâtre de nombreux attentats et affrontements interconfessionnels ces derniers mois. Fin juillet, des miliciens chiites avaient exécuté 15 sunnites et pendu leurs corps à des pylônes électriques sur une place de Bakouba.

Vendredi, quelque 150 fidèles étaient rassemblés pour la grande prière hebdomadaire lorsque les miliciens chiites ont fait irruption dans la mosquée, ouvrant le feu sans distinction sur les hommes, femmes et enfants, a raconté une parlementaire sunnite de Diyala, Nahida al Dayani.

"Il s'agit d'un nouveau massacre", a commenté la parlementaire. "Certaines victimes faisaient partie de la même famille. Des femmes qui se sont précipitées à la mosquée pour savoir comment allaient leurs proches ont été tuées", a-t-elle ajouté.

Selon un officier de l'armée irakienne, qui a tenu à rester anonyme, les miliciens voulaient venger la mort de trois des leurs, tués un peu plus tôt par l'explosion de deux bombes près de la maison d'un de leurs chefs.

Un chef de tribu sunnite, Salman al Djibouri, a promis que le massacre de la mosquée ne resterait pas non plus impuni. "Les tribus sunnites ont reçu la consigne de venger ces morts", a-t-il déclaré.

Cette flambée de violence risque de compromettre les efforts du nouveau Premier ministre irakien, le chiite Haïdar al Abadi, pour regagner la confiance de la communauté sunnite, dont les relations exécrables avec son prédécesseur, Nouri al Maliki, ont favorisé l'offensive des djihadistes de l'Etat islamique dans le nord du pays.

Deux influents hommes politiques sunnites, le vice-Premier ministre Saleh al Moutlak et le président du Parlement Salim al Djibouri ont immédiatement interrompu leur participation à ces consultations.

(Raheem Salman; Tangi Salaün pour le service français)