VARSOVIE, 26 mai (Reuters) - L'Union européenne devrait prêter davantage attention aux préoccupations sécuritaires des Etats-Unis liées à leur retrait de l'accord sur le programme nucléaire iranien, au moment de décider de la réponse à apporter aux sanctions américaines contre Téhéran, a déclaré le chef de la diplomatie polonaise.

Depuis la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord de 2015, les pays européens - France, Grande-Bretagne et Allemagne- cherchent un moyen de garantir à l'Iran qu'il continuera à bénéficier des retombées économiques de l'accord pour le convaincre de ne pas relancer son programme nucléaire - suspendu en contrepartie d'une levée progressive des sanctions internationales.

Téhéran a demandé aux Européens de lui faire des propositions économiques d'ici au 31 mai pour compenser le retrait des Etats-Unis.

Des représentants des trois Etats et des deux autres pays signataires, la Russie et la Chine, ont retrouvé vendredi à Vienne une délégation iranienne pour tenter de maintenir à flot l'accord signé dans la capitale autrichienne en 2015.

L'une des pistes évoquées serait d'ordonner aux entreprises européennes de ne pas se soumettre aux sanctions réinstituées unilatéralement par les Etats-Unis.

La Pologne, alliée de Washington, n'a pas encore décidé si elle allait soutenir ou non une telle mesure, qui doit être approuvée par tous les membres de l'UE pour être instaurée, a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères.

"Nous avons besoin de réfléchir, il y a encore du temps", a déclaré Jacek Czaputowicz dans un entretien à Reuters.

"Cela ne signifie pas que nous estimons ne pas appartenir à la communauté européenne dans le cadre de ces discussions (...) Nous allons voir ce que les autres membres de l'UE pensent", a-t-il ajouté.

La Pologne a le sentiment que "les considérations économiques ont semble-t-il la priorité" dans les discussions au sein de l'UE.

"Nous allons insisté sur la nécessité de prendre en considération les motivations des Etats-Unis et de faire preuve d'une plus grande empathie à leur égard", a dit le chef de la diplomatie.

Varsovie est en conflit avec Bruxelles depuis l'arrivée au pouvoir du parti Droit et Justice (PiS) en 2015 sur des questions allant de l'Etat de droit à la politique énergétique.

La Pologne tient à ce que les Etats-Unis lui garantissent une politique de dissuasion vis-à-vis de la Russie.

Il faut que l'UE prenne en compte des questions sécuritaires plus larges lors des discussions sur la politique à adopter pour l'Iran, telles que le rôle de la Russie en Europe de l'Est, estime Czaputowicz.

"Il n'y a semble-t-il aucun lien direct, mais (...) c'est l'un problèmes que nous devons résoudre." (Justyna Pawlak et Pawel Sobczak, Tangi Salaün et Jean Terzian pour le service français)