GAZA/RAMALLAH, Cisjordanie, 17 avril (Reuters) - Mille cinq cents Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont entamé une grève de la faim, lundi, en réponse à un appel lancé par Marwan Barghouti, responsable du Fatah qui purge une peine de réclusion à perpétuité, ont déclaré des responsables palestiniens.

Les détenus entendent, par cette grève d'une durée indéterminée, protester contre les mauvaises conditions de détention et contre la pratique israélienne de détention administrative, qui a été appliquée à des milliers de personnes depuis les années 1980 et qui touche actuellement 500 détenus.

Aux yeux des autorités israéliennes, en revanche, le jeûne entamé par les prisonniers, dont bon nombre ont été condamnés pour des attaques ou des projets d'attaques contre Israël, est motivé par des considérations politiques.

Près de 6.500 Palestiniens sont détenus dans 22 prisons israéliennes, déclare Kadoura Fares, qui dirige l'Association des prisonniers palestiniens.

Dans une tribune publiée lundi par le New York Times, Barghouti, qui a 58 ans et en qui certains voient un possible futur président palestinien, déclare que cette grève de la faim est le seul moyen d'obtenir des concessions, les autres tentatives ayant échoué.

"Par notre grève de la faim, nous recherchons l'arrêt des mauvais traitements(...). Des détenus palestiniens ont souffert de la torture, de traitements inhumains et dégradants, et d'une négligence médicale. Certains ont été tués alors qu'ils étaient en détention", écrit Barghouti, condamné à cinq peines de réclusion à perpétuité pour meurtre durant la seconde intifada (2000-2005).

Israël nie que les détenus palestiniens soient maltraités et le ministre de la Sécurité publique, Gilad Erdan, a déclaré que le mouvement initié par Marwan Barghouti était "mû par la politique intérieure palestinienne et, par conséquent, porte des revendications excessives".

La grève de la faim s'est accompagnée, dans la bande de Gaza, d'un grand rassemblement de soutien, et une manifestation a eu lieu près de la ville de Béthléem, en Cisjordanie occupée, où des heurts ont éclaté entre les protestataires palestiniens et les forces israéliennes.

Dans un communiqué, le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a 82 ans, a déclaré que les efforts se poursuivraient pour obtenir la libération des détenus. Il a condamné ce qu'il considère comme l'intransigeance d'Israël face aux "justes" revendications des détenus. (Nidal al Moughrabi et Ali Sawafta; Eric Faye pour le service français)