Un des challenges du premier dirigeant japonais réside dans la relance des salaires et des prix, la première influençant la deuxième. Les statistiques économiques sont disséquées par les analystes pour connaître le potentiel de redressement du pays du soleil levant. La récente hausse de 0.1% des revenus en janvier constitue une progression unique depuis 22 mois même si cela reste faible.

Le banque centrale de Tokyo a pourtant mis en place une politique de rachat de la dette afin d’atteindre les 2 % d’inflation. Cette stratégie, appliquée également par les grandes banques centrales mondiales, permet de déverser des liquidités en masse. Le Japon a pour objectif de doubler sa quantité de monnaie d’ici trois ans. Néanmoins, ce gonflement artificiel des prix connaît le revers de la médaille pour un pays qui affiche d’importants déséquilibres. En effet, le japon a enregistré un déficit commercial record en 2013 (80 milliards d’euros) suite à la facture pétrolière. La faiblesse du yen a certes favorisé les entreprises exportatrices mais n’a pas eu de réel impact sur l’évolution des prix.

Les pouvoirs publics encouragent, par conséquent, le relèvement des salaires nominaux et les récentes négociations salariales ont permis aux multinationales (telles Toyota, Hitachi, Panasonic, ..) d’accorder des versements de bonus aux salariés, grâce notamment aux profits records réalisés en 2013.
La situation reste complexe car pour réduire sa dette (245% du PIB), le Japon a mis en place une hausse de la Tva de 5% à 8%. Certes, ce taux reste un des plus bas du monde mais cette mesure impopulaire pourrait annihiler les effets de l’augmentation du revenu global.

L’indice Nikkei a ainsi fortement chuté, en perdant plus de 10 % depuis le début d’année. Ce repli marqué intervient, néanmoins, après une progression de plus de 50 % sur l’exercice 2013 grâce,  principalement, à l’effet du choc de change.  Le yen a connu sur la période 2012-2013 une forte dégradation, passant de 76 à 104 yens pour un dollar.
Encore une fois, le réel détonateur pour que les racines du redressement soient bien implantées va se trouver dans le comportement de la monnaie japonaise. Une nouvelle dévaluation déguisée procurerait une capacité additive aux entreprises nippones, dans la génération de résultats et par conséquent, dans la possibilité de distributions salariales afin d’atteindre le niveau « cible » des 2 % d’inflation.