Déception, Récession, Déflation. Ce tryptique pourrait bien être la description de la situation de l'économie japonaise si rien n'est fait pour inverser la tendance selon Jonathan Lowe, stratégiste chez JPMorgan AM. « Parmi toutes les économies développées, le Japon est celle qui nous a déçu le plus en 2015 », assène l'expert pour qui la rechute du PIB au deuxième trimestre pourrait entrainer le pays dans « sa quatrième récession au cours de ces cinq dernières années » alors que les derniers chiffres concernant les prix à la production ont relégué l'économie « au stade de la déflation ».

Pour expliquer la mauvaise performance trimestrielle et les menaces qui pèsent pour la suite sur le Japon, le stratégique de JPMorgan AM cite certes l'exposition du pays à la Chine, et donc les conséquences du ralentissement économique en cours dans ce pays, mais aussi des facteurs internes à l'archipel : « les dirigeants politiques doivent assumer leur part de responsabilité au moment où l'économie connote à souffrir de la persistance des séquelles de l'augmentation d'impôt inopportune de l'an dernier ».

Parmi les réactions attendues par Jonathan Lowe figure un approfondissement de l'assouplissement quantitatif et qualitatif (QQE) de la Banque du Japon (BoJ). Pour le gérant de JPMorgan AM, l'institution ne va pas avoir d'autres choix que de renforcer son programme d'actifs à partir du moment où il est clair qu'elle ne pourra pas atteindre ses objectifs d'inflation dans la situation actuelle. « En déterminant le niveau approprié d'inflation, la BoJ s'intéresse non seulement au niveau de l'indice des prix à la consommation mais aussi aux tendances d'anticipation des salaires et de l'inflation. Il ne peut avoir échappé à la perspicacité de la BoJ que, pour ce qui concerne cette batterie d'indicateurs, l'atteinte des objectifs affichés n'est plus d'actualité », souligne Jonathan Lowe pour qui la BoJ met sa crédibilité en jeu et pourrait donc prendre des mesures dès le 30 octobre, date de sa prochaine réunion de politique monétaire.

Si le scénario du stratégiste de JPMorgan se concrétisait, il aurait pour conséquence de soutenir les marchés actions, en prolongeant la dépréciation du yen. Jonathan Lowe met aussi en avant « la faiblesse apparente des valorisations » et « la forte demande des investisseurs domestiques « (par exemple, la BoJ via ses achats d'ETF dans le cadre de son mandat) » pour justifier de prendre position sur les actions nipponnes.