TOKYO, 25 décembre (Reuters) - Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a déclaré mercredi que l'inflation dépasserait 1% au premier semestre 2014, ce qui devrait selon lui permettre de lutter contre le sentiment que la déflation va persister dans l'archipel.

Le Japon a connu ces 15 dernières années une situation d'"équilibre déflationniste" dans laquelle les entreprises et les ménages rechignent à investir et à consommer parce qu'ils estiment que les prix ne vont pas augmenter, a expliqué Haruhiko Kuroda.

La Banque du Japon (BoJ) espère mettre fin à cette situation grâce à une politique monétaire très offensive, dans l'espoir de relancer la consommation et l'investissement.

"La politique monétaire de la BoJ diffère de celle d'autres banques centrales en ce qu'elle privilégie le changement de la perception (des prix) par l'opinion publique", a-t-il dit dans un discours lors d'une conférence organisée par la fédération patronale Keidanren.

"Nous observons actuellement une nette amélioration de la situation de l'économie, des marchés et du sentiment de l'opinion publique. Cela constitue la meilleure opportunité pour mettre fin à la déflation", a-t-il ajouté en affirmant la volonté de la banque centrale de maintenir une politique très accommodante tant que l'inflation n'atteindrait pas 2%.

Certains observateurs doutent de la capacité de la BoJ à atteindre cet objectif dans le délai de deux ans qu'elle s'est elle-même fixé en avril dernier.

Pour Haruhiko Kuroda, la hausse des prix déjà constatée va progressivement nourrir les anticipations inflationnistes et encourager les entreprises à augmenter les salaires comme les prix de vente.

Une accélération de l'inflation aura aussi pour effet une augmentation des taux d'intérêt nominaux et elle donnera à la BoJ la possibilité de réagir à une éventuelle dégradation de la conjoncture économique en baissant ses taux, actuellement proches de zéro.

"Si un grand nombre d'entreprises relèvent simultanément les prix et les salaires, cela aura un impact positif sur l'économie dans son ensemble", a-t-il dit. "En tant que responsables de la politique monétaire, nous devons prendre des mesures audacieuses pour faire évoluer de cette manière l'état d'esprit des gens."

Les prix à la consommation - hors éléments volatils - ont augmenté de 0,9% sur un an en octobre, leur cinquième mois consécutif de hausse, la faiblesse du yen se traduisant par une augmentation des prix à l'importation.

Les chiffres de novembre attendus vendredi devraient montrer une nouvelle accélération à 1,1% selon les économistes interrogés par Reuters. Mais les économistes s'attendent à ce que l'inflation atteigne un pic au cours de l'année à venir, l'impact de la baisse du yen s'atténuant progressivement. (Leika Kihara; Marc Angrand pour le service français)