Tokyo (awp/afp) - La production industrielle au Japon a décliné en mars, après un modeste rebond en février, tandis que le chômage a légèrement augmenté, à 2,5%, tout en restant au plus bas en un quart de siècle.

La production des usines, morose récemment sur fond de ralentissement de la demande venant de Chine notamment, a reculé de 0,9% le mois dernier, selon les données préliminaires publiées vendredi par le ministère de l'Industrie (Meti).

Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg anticipaient une stagnation.

Le Meti a dégradé son diagnostic, jugeant désormais "la tendance faible".

Les industriels sondés par le ministère parient certes sur une augmentation de 2,7% en avril, puis de 3,6% en mai, mais ces données sont généralement à prendre avec précaution.

Ce recul du mois de mars "suggère une contraction du Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre plus prononcée que ce que nous avions anticipé", a réagi le cabinet d'études Capital Economics dans une note. Par ailleurs, "un fort rebond de l'activité au deuxième trimestre n'est pas au programme", avertit-il.

La troisième économie de la planète souffre du coup de frein observé sur la croissance mondiale, avec en toile de fond le contentieux commercial sino-américain.

Pays "ultra-âgé"

Ses exportations ont de fait fléchi en mars, et la demande intérieure peine à prendre la relais alors que les ménages japonais sont frileux à dépenser dans un archipel confronté à une explosion de dépenses liée au vieillissement de la population.

Le Japon deviendra bientôt le premier pays dit "ultra-âgé" de la planète, ce qui signifie que 28% d'habitants auront 65 ans et plus. Ils seront près de 40% en 2050.

En outre, se profile un relèvement de la taxe sur la consommation, qui doit passer de 5% à 8% en octobre 2019.

Dans ce contexte, la Banque du Japon (BoJ) a promis jeudi de maintenir sa politique monétaire accommodante "jusqu'au printemps 2020 au moins", afin de doper l'activité et l'inflation.

Sur le front de l'emploi, le taux de chômage a progressé de 0,2 point en mars à 2,5% de la population active, a annoncé vendredi le ministère des Affaires intérieures. Il oscille autour de ce niveau depuis environ un an.

Les conditions d'emploi sont toujours extrêmement favorables avec 163 offres pour 100 demandes (comme les quatre mois précédents).

Mais ces statistiques positives, régulièrement mises en avant par le Premier ministre Shinzo Abe pour vanter sa stratégie de relance "abenomics", résultent surtout d'une précarisation de l'emploi et du déclin démographique.

Pour tenter de compenser cette baisse de la population, le gouvernement a décidé d'accepter davantage de travailleurs étrangers dans les domaines les plus touchés par la pénurie de main-d'oeuvre (soins, agriculture, bâtiment, etc.), avec la création de nouveaux types de visa.

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