Le référendum britannique sur la sortie de l'Union européenne semble déjà peser sur le budget de l'Union européenne pour 2017, explique Jens Geier, député démocrate socialiste allemand chargé de négocier une grande partie du budget au nom du Parlement. Le 26 octobre, les députés réunis en session plénière à Strasbourg adopteront leur position sur le budget de l'année prochaine. Consultez notre entretien avec Jens Geier pour en savoir plus.

Avec la baisse de la livre sterling, il apparaît désormais clairement que les résultats du référendum britannique auront un impact négatif sur le budget de l'Union européenne pour 2017. Pouvez-vous nous en dire plus ?

La question est surtout de savoir comment les gouvernements au Conseil vont gérer cette situation. Ils sont désormais face à trois possibilités, les unes plus déplaisantes que les autres. La première serait de demander davantage de fonds au gouvernement britannique, mais je ne pense pas que cette option obtiendrait un accueil favorable. La deuxième serait d'exiger de la part des autres États membres de plus importantes contributions afin d'équilibrer le déficit artificiel créé par la dépréciation de la livre sterling. Cette option ne serait pas bien accueillie par les États membres. La troisième possibilité, celle qui a ma faveur, consisterait à utiliser l'argent provenant par exemple des amendes. Ces fonds, que nous ne pouvons normalement pas utiliser, sont recueillis puis rendus aux États membres ultérieurement.

J'étais convaincu que le Brexit n'aurait une influence sur le budget qu'à partir du moment où nous saurions à quoi il allait exactement ressembler. Pourtant, la situation semble imprévisible et nous devons déjà faire face à ce type de problèmes.

Un autre point à soulever concerne les remboursements. Si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne, il devra décider dans quels domaines politiques il souhaite poursuivre une coopération. Par exemple, si les Britanniques souhaitent travailler avec nous en matière de recherche, ce qui pourrait être bénéfique pour tout le monde, ils devront participer au financement des politiques de recherche européennes. S'ils souhaitent coopérer, ils doivent donc contribuer financièrement.

Bien entendu, nous ne leur accorderons pas de nouveau remboursement. Les remboursements concernant les autres pays sont calculés sur la base du remboursement britannique, ce qui signifie que si celui-ci s'effondre, les autres remboursements suivront. Il s'agit là d'un aspect intéressant pour les négociations autour du cadre financier pluriannuel pour l'après-2020.

Pour le budget 2017 de l'Union européenne, le Parlement européen propose 161,8 milliards d'euros, soit 4,13 milliards de plus que la proposition initiale de la Commission et 157,4 milliards de plus que l'année passée. Pourquoi une telle augmentation ?

Le budget de l'année dernière visait à résoudre deux crises en Europe : la crise migratoire et la crise économique. La situation ne s'est pas améliorée et nous essayons de tirer les leçons du Brexit. Les citoyens souhaitent voir l'Union européenne agir, et nous ne pouvons pas faire plus avec moins de fonds. Nous devons montrer que le Parlement s'engage à résoudre ces crises.

Le Parlement souhaite rétablir les fonds initiaux destinés aux infrastructures et à la recherche, contrairement aux coupes proposées par le Conseil. Pourquoi est-ce si important pour les députés ?

Les coupes proposées sont destinées à mobiliser de l'argent pour le Fonds européen pour les investissements stratégiques. Au Parlement, nous estimons que la recherche est cruciale pour l'innovation et que le programme « Connecting Europe Facility » est un outil qui crée directement des investissements dans les infrastructures.

Nous pensons qu'un financement renforcé du Fonds européen pour les investissements stratégiques doit plutôt être évoqué dans le cadre d'une révision du cadre financier pluriannuel.

Après l'adoption de la position du Parlement la semaine prochaine, les négociations débuteront avec le Conseil. En quoi seront-elles également liées à la révision du cadre financier pluriannuel ?

J'ai déjà souligné que les fonds provenant de la révision du cadre financier pluriannuel pourraient permettre de financer le Fonds européen pour les investissements. Nous souhaitons utiliser la même logique pour l'initiative pour l'emploi des jeunes car nous voyons des résultats dans les États membres. Nous demandons donc 1,5 milliard d'euro supplémentaire pour cette initiative.

Nous attendons avec impatience la position du Conseil. Dans le cas contraire, les négociations pourraient s'avérer difficiles.

La Sté Parlement Européen a publié ce contenu, le 26 October 2016, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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