Jerome Powell a posé un lapin aux marchés hier. Enfin pas vraiment : l’agenda du patron de la Fed mentionnait un discours de sa part lors du 100e anniversaire de la Division de la recherche et des statistiques du conseil d'administration de la Fed. Mais rien ne disait qu’il allait parler de politique monétaire. Et paf, il ne l’a effectivement pas fait, laissant les marchés orphelins d’une occasion de s’envoler ou de se rétamer. Mais qu’a-t-il dit alors ? Une phrase comme "la rigueur intellectuelle doit être combinée avec la flexibilité et l'agilité" (véridique, la preuve ici). Je ne sais pas trop ce que ça peut signifier. Peut-être que la Fed recrute des mathématiciens rigides des pédoncules cérébraux qui font du yoga ? En tout cas Wall Street a dû se contenter du menu fretin, puisque le patron était occupé ailleurs. Patrick Harker et Lisa Cook, deux banquiers de la Fed qui avaient micro ouvert hier, n'ont pas vraiment fait bouger les convictions des financiers.

Mais pas de panique, seconde chance ce soir à 20h00 heure de Paris, puisque Powell est encore de sortie, avec sans doute cette fois quelques commentaires sur la politique monétaire. Hors marchés européens donc, mais pendant la séance américaine. On imagine assez mal Jay Jay changer radicalement de discours ou monter sur le podium en dansant, grimé en Rastapopoulos avec une chemise rose, un Stetson et un cigare. Le plus vraisemblable est qu'il portera un costume tristoune et qu'il maintiendra une approche dite pause hawkish, c’est-à-dire en clair "les taux vont rester stables mais attention, ils pourraient encore monter si tout part en cacahuète, bande de garnements". Et le plus probable est que le marché entendra la version simplifiée qui l'arrange, c’est-à-dire "les taux ne monteront plus".

Privés de boussole hier, les indices américains ont fait du surplace. Petite baisse pour le Dow Jones et petites hausses pour le S&P500 et le Nasdaq. Ce dernier a poursuivi sa série, en signant in extremis une neuvième séance de rang dans le vert, meilleure séquence depuis les dix hausses de rang de la même période en 2021. En Europe, la séance de la veille était un peu à la carte. Paris a mis fin à trois baisses consécutives en reprenant 0,7%, bien aidée par une légère embellie sur le luxe. La santé a repris de l’altitude, soutenant Zurich (+0,2%) et Copenhague (+1,66%). C’était plus compliqué au Bénélux où la méforme de plusieurs dossiers phares a pesé lourdement.

On croûle toujours sous les publications de résultats des deux côtés de l’Atlantique, même si les seconds couteaux ont généralement remplacé les vedettes de la cote. Pas toutes, puisqu’on a pris connaissance depuis hier soir des chiffres d’Airbus, de Sony, de Veolia ou de Merck KGaA. Mais globalement, cette saison des résultats est d’ores et déjà considérée comme réussie. Enfin surtout aux Etats-Unis, parce que quelques entreprises européennes pédalent un peu dans le yaourt, il faut bien l’avouer. Les plongeons d’Ahold Delhaize, d’ABN Amro ou de Royal Unibrew hier sont là pour le prouver. Ils viennent s'ajouter à quelques gadins récents mémorables.

La macro du jour est dominée par un événement passé et un événement à venir, respectivement l'inflation chinoise et les statistiques hebdomadaires de l'emploi aux Etats-Unis. A Pékin, les statistiques ont une fâcheuse tendance à se suivre et à se ressembler : elles sont faiblardes. A ce stade, je vous rappelle que l'un des trampolines du marché des actions est le redécollage de la croissance chinoise. Pour l'instant, le trampoline a surtout un trou béant à la place du filet et des élastiques. Les données publiées cette nuit ne vont pas arranger les affaires chinoises. En octobre, les prix à la consommation ont baissé alors qu'ils étaient attendus en légère hausse, pendant que les prix à la production ont continué à se contracter. Des chiffres qui ne cadrent pas vraiment avec une folle reprise. La déflation est donc toujours dans l'air en Chine et les investisseurs vont devoir continuer à ronger leur frein de ce côté du monde. Les données sur le marché du travail aux Etats-Unis sont toujours importantes, mais elles ont encore pris du galon depuis quelques jours, avec les premières craquelures dans le plein emploi qui est la norme depuis plusieurs trimestres. En effet, une montée du chômage irait dans le sens d'une fin de cycle de hausse des taux, qui est le principal soutien, et de loin, du marché à l'heure actuelle. A surveiller donc.

Parmi les autres informations à connaître ce matin, Israël ne cessera pas son offensive au Proche-Orient tant que tous les otages capturés par le Hamas n'auront pas été libérés. La rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping devrait avoir lieu le 15 novembre, selon l'AFP. La grève a l'air d'être finie à Hollywood, après la signature d'un accord entre acteurs et studios. C'est Warner Bros qui va être soulagé : son titre a sombré hier de 19% à Wall Street après la révision en baisse des prévisions du groupe, consécutive aux grèves dans le secteur, justement. L'UE va demander des détails à YouTube et TikTok sur les mesures de protection des mineurs.

En Asie Pacifique, Tokyo rebondit de 1,6% et Séoul de 0,5%. La Chine stagne voire recule un peu. L'Australie reste abonnée aux variations contenues : +0,3% ce matin. Les indicateurs avancés européens et américains sont hésitants. Le CAC40 prenait 0,16% à 7045 points à l'ouverture. Le SMI 0,13% à 10 610 points. Le Bel20 souffrait en revanche, en baisse de 0,3% à 3446 points.

Les temps forts économiques du jour

Les inscriptions hebdomadaires au chômage américain focaliseront l’attention à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0711 USD. L'once d'or s'échange à 1949 USD. Le pétrole poursuit sa décrue, avec un Brent de Mer du Nord à 79,60 USD le baril et un brut léger américain WTI à 75,38 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 4,49%. Le bitcoin évolue autour de 36 625 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Cowen maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours relevé de 155 à 159 EUR. RBC Capital maintient sa recommandation de performance de secteur avec un objectif de cours relevé de 165 à 175 EUR. Hauck Aufhäuser Investment Banking maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 90 à 100 EUR.
  • Adyen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 720 à 784 EUR. Wells Fargo passe de souspondérer à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 650 EUR à 1000 EUR. Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 1050 à 1200 EUR.
  • Ahold Delhaize : Bernstein passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 34 EUR à 29 EUR.
  • Air Liquide : Landesbank Baden-Württemberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 165 à 175 EUR.
  • Airbus : Morningstar maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 156 à 160 EUR. Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 128 à 130 EUR. Société Générale maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 153 à 155 EUR.
  • Allianz : Intesa Sanpaolo initie une recommandation d'achat avec un objectif de cours de 260 EUR.
  • Amadeus : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 77 à 79 EUR.
  • Ambu : Carnegie Group maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 75 à 82 DKK.
  • Anheuser-Busch Inbev : HSBC passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 60 à 65 EUR.
  • Antin Infrastructure : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 21 à 16 EUR.
  • Asos : Oddo BHF maintient sa recommandation de sousperformance et réduit l'objectif de cours de 3,60 à 3,40 GBP.
  • AXA : Intesa Sanpaolo démarre le suivi à conserver en visant 31 EUR.
  • Carrefour : Landesbank Baden-Württemberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 18,50 à 18 EUR.
  • Crédit Agricole : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 13 à 13,40 EUR.
  • Eiffage : Mediobanca maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 129 à 120 EUR.
  • Equinor : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 320 à 330 NOK.
  • Eurofins : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 61 à 53 EUR.
  • Infineon : Aletheia Capital Limited maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 52 à 43 EUR.
  • Knaus Tabbert : Hauck Aufhäuser Investment Banking maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 87 à 60 EUR.
  • Legrand : Citigroup maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 82 à 75 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 102 à 100 EUR. Société Générale maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 103 à 95 EUR.
  • Marks & Spencer : JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 170 à 260 GBX.
  • Mips : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 475 à 330 SEK.
  • Pandora : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 791 à 815 DKK. RBC Capital maintient sa recommandation de sousperformance et relève l'objectif de cours de 710 à 730 DKK.
  • Persimmon : Peel Hunt améliore sa recommandation d'alléger à conserver avec un objectif de cours de 980 GBX.
  • Royal Unibrew : Nordea Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 750 à 600 DKK.
  • Siemens Healthineers : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 56 à 57 EUR.
  • Tod's : Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 40 à 36 EUR.
  • TotalEnergies : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 70 à 69 EUR.
  • UBS : Landesbank Baden-Württemberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 18 CHF à 24,30 CHF.
  • Vestas : Carnegie Group maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 157 à 148 DKK.
  • Voestalpine : JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 24,20 EUR à 24,80 EUR.
  • WPP : Redburn Atlantic maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 840 GBX à 800 GBX.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Airbus publie un Ebitda ajusté légèrement court par rapport aux attentes, mais confirme ses objectifs et veut produire davantage d’A350.
  • ArcelorMittal reste "positif" concernant la demande d'acier à moyen et long terme après son T3.
  • Arkema confirme sa prévision d'Ebitda pour 2023.
  • Bénéteau affiche un chiffre d'affaires à neuf mois en hausse de 30%.
  • Eiffage affiche une légère croissance de ses ventes au T3.
  • Euronext enregistre une vive hausse d'activité au T3 et a été choisi par l'Union européenne comme plateforme de négoce pour la dette du bloc.
  • Veolia confirme ses objectifs à l'issue du T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Adyen revoit à la baisse son objectif de chiffre d'affaires à moyen terme et vise à ralentir les embauches.
  • ARM Holdings chute de 7% hors séance après son T3.
  • AstraZeneca prévoit pour l'exercice une hausse du BPA de base à deux chiffres.
  • Brenntag sous les attentes au T3.
  • Henkel relève ses perspectives pour 2023.
  • S4 Capital réduit à nouveau ses prévisions de marge bénéficiaire.
  • Softbank affiche une nouvelle perte au T2 fiscal.
  • Sony enregistre une baisse de 30% de ses bénéfices semestriels.
  • Tod's affiche une croissance à deux chiffres de son chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois.
  • Walt Disney gagne 3,3% hors séance après ses trimestriels et un retour à la croissance des abonnés Disney+.
  • Wizz Air réduit ses prévisions de bénéfices en raison de "conditions d'exploitation difficiles".

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures