* L'armée somme le prince Hamza de cesser ses actions de déstabilisation

* Dans une vidéo, ce dernier se dit assigné à résidence

* La reine Noor défend son fils et dénonce une calomnie

par Suleiman Al-Khalidi

AMMAN, 3 avril (Reuters) - Le vice-Premier ministre jordanien Aïman Safadi a accusé dimanche l'ancien prince héritier du royaume, Hamza, d'avoir été en contact avec des complices à l'étranger en vue d'un complot visant à déstabiliser la Jordanie.

Ajoutant que le prince Hamza était surveillé depuis un certain temps, il a déclaré que les autorités avaient intercepté des communications entre le demi-frère du roi Abdallah et ces contacts à l'étranger visant à planifier des mesures pour affaiblir la sécurité du royaume hachémite.

"Les enquêtes ont permis de surveiller à temps des interférences et des communications avec des parties étrangères en vue de déstabiliser la Jordanie", a déclaré Aïman Safadi.

Elles ont notamment permis de détecter qu'une agence de renseignement étrangère avait contacté l'épouse du prince Hamza pour mettre à disposition un avion permettant au couple de quitter la Jordanie, a-t-il précisé.

"Les enquêtes initiales ont montré que ces activités et mouvements avaient atteint un stade qui affectait directement la sécurité et la stabilité du pays, mais sa majesté a décidé qu'il était préférable de parler directement au prince Hamza, de traiter cette question au sein de la famille pour éviter qu'elle ne soit exploitée", a poursuivi Aïman Safadi.

La reine Noor, veuve du défunt roi Hussein, mort en 1999, et mère du prince Hamza, a défendu son fils et dit "prier pour que la vérité et la justice l’emportent pour toutes les victimes innocentes de cette calomnie malfaisante".

Samedi, le chef de l'état-major de l'armée jordanienne a rendu visite au prince Hamza en le mettant en garde contre des actions visant "la sécurité et la stabilité" du pays.

Plusieurs personnalités de haut rang dont Bassem Awadallah, ancien conseiller du roi et ministre des Finances, et Charif Hassan Ben Zaïd, membre de la famille royale, ont été interpellées, selon l'agence de presse jordanienne Petra.

D'après Aïman Safadi, près de vingt personnes ont été arrêtées.

Les services de sécurité ont demandé le renvoi des participants à ce complot devant un tribunal de sûreté de l'Etat, a-t-il ajouté.

MANIFESTATIONS CONTRE LA CORRUPTION

Dans un message vidéo transmis par son avocat à la BBC, le prince Hamza a dit avoir été assigné à résidence et avoir reçu ordre de ne prendre contact avec personne. Il a accusé également les dirigeants jordaniens de corruption.

Le roi Abdallah a démis son demi-frère de sa qualité d'héritier du trône en 2004 afin de consolider son pouvoir.

Bien que marginalisé depuis des années, le prince Hamza irrite les autorités par les efforts qu'il déploie pour nouer des liens avec des responsables de tribus puissantes.

Ces personnalités ont appelé ces dernières semaines à des manifestations contre la corruption et les autorités ont réprimé plusieurs rassemblements, arrêtant des dizaines de personnes.

Le roi Abdallah, dont le pays est considéré comme l'un des plus stables du Proche-Orient, a reçu de nombreux messages de soutien de la part des pays voisins et des monarchies du Golfe.

Le roi du Maroc, Mohamed VI, s'est également entretenu avec lui au téléphone pour l'assurer de sa solidarité.

Le département d'Etat américain a aussi réagi en assurant que le roi Abdallah était un "partenaire clé" des États-Unis et qu'il "bénéficiait de soutien total".

"Nous suivons de près ces informations et sommes en contact avec les responsables jordaniens", a indiqué Ned Price, un porte-parole du département d'État.

(version française Blandine Hénault, Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse)