* Scholz espère que Rome amendera son projet de budget

* Juncker déplore que l'Italie s'éloigne du Pacte de stabilité

* Le gouvernement a jusqu'à mardi pour soumettre un budget modifié

* L'office du budget chiffre le déficit 2019 à 2,6% et non 2,4% (Actualisé avec les déclarations d'Olaf Scholz, contexte, taux)

BERLIN, 12 novembre (Reuters) - Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le ministre allemand des Finances Olaf Scholz ont maintenu la pression sur l'Italie lundi à la veille de l'expiration du délai qui lui a été accordé pour modifier son projet de budget 2019.

La Commission européenne a rejeté le mois dernier le projet de budget présenté par le gouvernement de coalition et lui a donné jusqu'à mardi pour corriger sa copie, mais les déclarations des dirigeants politiques de la péninsule laissent entendre que Rome ne reculera pas, au risque d'une escalade et d'une procédure de sanction.

A Berlin, Olaf Scholz a assuré que personne ne demandait à l'Italie une politique d'austérité. "Mais quand on a une dette publique qui représente 130% du PIB on doit agir plus prudemment qu'un autre qui serait dans une position différente", a-t-il déclaré devant l'association de la presse étrangère.

"Je m'attends à ce que le gouvernement italien prenne les décisions nécessaires qui permettront d'éviter des difficultés (...) Nous sommes assez optimistes et pensons qu'au bout du compte une bonne solution prévaudra."

Interrogé par la chaîne allemande N-TV, Jean-Claude Juncker a dit être "modérément inquiet" concernant l'état des relations entre l'Italie et le reste de l'Union européenne, tout en estimant que Rome "s'éloignait des exigences minimales" fixées par le Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro.

"Les Italiens s'éloignent non seulement de ce à quoi ils se sont engagés mais aussi des exigences minimales du Pacte de stabilité", a-t-il déclaré.

Le gouvernement formé en juin par la Ligue et le mouvement antisystème 5 Etoiles (M5S) a remis en cause les engagements de la précédente administration en matière de baisse du déficit budgétaire et de la dette publique, assumant le choix d'un budget de relance avec un objectif de déficit de 2,4% du produit intérieur brut.

LE "SPREAD" REPART À LA HAUSSE

Lundi, l'organisme italien indépendant chargé d'évaluer le budget a estimé que le déficit atteindrait en fait 2,6% et non 2,4%. Devant une commission parlementaire, son président Giuseppe Pisauro a expliqué cette divergence par des hypothèses macroéconomiques moins optimistes que celles du gouvernement et par l'impact de la hausse des coûts d'emprunt sur les comptes publics.

Si, comme les dirigeants politiques italiens le répètent depuis le début du bras de fer, le gouvernement refuse d'amender son budget, la Commission pourrait remettre un rapport critique sur la dette italienne lors de sa réunion du 21 novembre, premier pas vers une procédure disciplinaire contre l’Italie susceptible d'aboutir à une amende.

La Commission attend généralement les données définitives sur les finances publiques, publiées en avril, avant d’ouvrir formellement une procédure contre un Etat de la zone euro. Mais dans le cas de l’Italie, elle pourrait passer à l’action sur la base de ses propres prévisions économiques qui sont moins optimistes que celles de Rome.

Dans sa forme actuelle, le projet de budget italien s'appuie sur une prévision de croissance de 1,5% en 2019, alors que Bruxelles table sur 1,2%.

Selon la presse italienne du week-end, le ministre de l'Economie Giovanni Tria envisagerait de ramener cette estimation à 1% ou 1,2% et le nouveau projet de budget pourrait être assorti d'un mécanisme de réduction automatique des dépenses publiques en cas de dépassement du seuil fixé pour le déficit.

La dette italienne s'élève à plus de 2.300 milliards d’euros, représentant plus de 130% du PIB. C’est la deuxième dette publique la plus importante de la zone euro après la Grèce.

Les rendements italiens se sont tendus lundi à l'approche de la date butoir pour le budget amendé. Le rendement italien à 10 ans a pris près de sept points de base, à 3,466%, et le "spread" avec le Bund de même échéance a atteint 308 points, au plus haut depuis le début du mois. (Michelle Martin, Paul Carrel et Thomas Escritt; Eric Faye et Véronique Tison pour le service français, édité par Blandine Hénault)