BRUXELLES, 19 octobre (Reuters) - Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a mis les petits plats dans les grands pour tenter de rassurer quatre dirigeants eurosceptiques d'Europe de l'Est, au cours d'un dîner qui a duré près de trois heures mercredi soir à Bruxelles, à la veille du Conseil européen.

Les chefs des gouvernements polonais, hongrois, slovaque et tchèque, en délicatesse avec l'UE sur des dossiers comme l'immigration ou la directive des travailleurs détachés, ont retrouvé le président de l'exécutif européen autour de coquilles saint-jacques, de topinambours et de médaillons de gibier, pour tenter de rapprocher les points de vue.

"Au menu: consensus par le compromis et la coopération. Unité", a commenté Jean-Claude Juncker à propos de ce repas.

Le ministre tchèque des Affaires européennes, Ales Chmelar, a déclaré que les cinq convives avaient mené "un excellent débat". Un diplomate d'un des pays de l'Est a souligné la faculté d'écoute du président de la Commission.

Aucune décision n'a été annoncée à l'issue de ce dîner, dont la durée illustre toutefois la volonté de Juncker de calmer les inquiétudes de ses interlocuteurs.

Bruxelles a en effet plongé dans l'embarras ces anciens pays communistes, notamment avec ses politiques d'immigration et d'intégration européenne, ainsi que sur le dossier des travailleurs détachés.

Né d'une directive de 1996, le principe des "travailleurs détachés" permet à des salariés de pays membres de travailler dans un autre pays de l'Union à titre temporaire et de bénéficier du "noyau dur" des droits en vigueur dans leur pays d'accueil, dont le salaire minimum.

Mais ils paient leurs cotisations sociales dans leur pays d'origine, ce qui entraîne des accusations de "dumping" social. Cela a provoqué en France un vif débat que le président Emmanuel Macron a pris en compte en réclamant des garanties fortes à ses partenaires.

Ce dossier sera discuté en marge du Conseil européen de jeudi et vendredi, puis lundi prochain lors d'une réunion ministérielle à Luxembourg.

"L'Europe des Vingt-Sept doit éviter de se diviser entre l'est et l'ouest", a souligné le Premier ministre sortant de la République tchèque, Bohuslav Sobotka.

"Nous sommes d'accord (...) pour que toutes les discussions sur l'avenir de l'UE incluent tous les Etats membres. Aucun pays ne doit être exclu de ces négociations, tous les Etats membres doivent être traités sur un pied d'égalité", a-t-il ajouté. (Gabriela Baczynska; Guy Kerivel pour le service français)