par Mathieu Bonkoungoun

OUAGADOUGOU, 30 novembre (Reuters) - Roch Marc Kaboré, ancien Premier ministre de Blaise Compaoré, semblait en passe lundi soir d'être élu à la présidence du Burkina Faso, selon les derniers résultats disponibles de l'élection de dimanche.

Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui avait pris ses distances avec Compaoré avant la chute de ce dernier, en octobre 2014, est crédité de 54% des voix sur la base des résultats provisoires comptabilisés dans 72% des communes du pays par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Son plus proche adversaire, Zéphirin Diabré, de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), est donné lui à 29%.

Si cette tendance se confirme, Kaboré sera élu dès le premier tour.

Quatorze candidats briguaient la présidence mais les observateurs estimaient que seuls Kaboré et Diabré étaient en mesure de l'emporter.

Tous deux ont occupé des responsabilités lors des 27 années passées par Compaoré à la tête du pays. Mais tous deux ont aussi rompu avec lui avant que son ambition de réformer la Constitution pour briguer un mandat de plus ne provoque un soulèvement populaire appuyé par l'armée fatal à son pouvoir.

Le MPP de Kaboré est formé d'ex-fidèles du président déchu qui l'ont quitté plusieurs mois avant sa démission et son départ en exil. Passé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la compagnie nucléaire française Areva, Diabré, ancien ministre des Finances, a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de contestation.

EXEMPLE

Le double scrutin de dimanche - les électeurs étaient également appelés à désigner les députés de l'Assemblée nationale - parachève la transition parfois chaotique conduite par Michel Kafando, qui n'était pas candidat. Il devait initialement se tenir le 11 octobre mais a été repoussé à la suite de la tentative de coup d'Etat menée par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne aujourd'hui démantelée.

Dans un communiqué, la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, a salué lundi les conditions dans lesquelles les élections se sont déroulées.

"Les Burkinabé ont une nouvelle fois démontré leur attachement profond à la démocratie en votant dans le calme, ce dimanche 29 novembre, pour désigner leurs députés et leur nouveau président à l'occasion d'un scrutin historique", a-t-elle déclaré.

"J'invite tous les candidats et partis politiques, mais également les populations burkinabé, à respecter et à faire respecter les résultats électoraux régulièrement proclamés par les organes compétents", a-t-elle ajouté.

Les élections de dimanche pourraient avoir valeur d'exemple d'une transition démocratique réussie en Afrique, où plusieurs dirigeants au pouvoir de longue date, du Burundi à la République du Congo, ont modifié leurs Constitutions pour tenter de conserver leur poste. (avec Nadoun Coulibaly; Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)