En théorie, les Banques centrales ont pour objet de limiter, voire de prévenir les récessions, indique Jean-Gabriel Attali, Stratégiste Cross Asset Kepler Cheuvreux - Investment Solutions. Elles fournissent ainsi un « plancher » à l'économie, et parfois même aux prix des actifs, comme l'a si bien fait la Réserve fédérale depuis 2007. Mais elles ont également leur rôle à jouer dans les périodes d'expansion économique en luttant contre l'inflation et les bulles d'actifs et, ce faisant, elles écrêtent la croissance.

Les politiques monétaires ont ainsi pour vocation de lisser les cycles économiques, et donc de limiter la « volatilité macroéconomique » afin (idéalement) d'améliorer la croissance de long-terme.

Mais le paradoxe actuel est que la volatilité de la plupart des actifs remonte fortement sous l'action des Banques centrales elles-mêmes. Ainsi, depuis l'été 2014 et les annonces des grands banquiers centraux à Jackson Hole, la volatilité implicite à 1 mois (celle qui, outre les mouvements, intègre le coût du risque) a grimpé de 60% sur la parité dollar/yen et a triplé sur la parité euro/dollar. Et avec l'action surprise de la Banque nationale suisse, la perception du risque sur la parité euro/franc suisse a même été multipliée par 4 en moins d'une semaine.

Ces mouvements affectent également les marchés actions européens et américains qui affichent un régime de volatilité au plus haut depuis 2012 devant les incertitudes qui entourent le prochain Quantitative Easing de la Banque centrale européenne ou le calendrier de remontée des taux directeurs aux Etats-Unis. Même la PBoC (Banque Centrale de Chine) souffle le chaud et le froid puisqu'après avoir assoupli sa politique monétaire fin novembre en abaissant ses taux directeurs, avec pour effet de propulser 40% plus haut l'indice de la bourse de Shanghai en moins de deux mois, elle vient de prendre des sanctions à l'égard de certaines sociétés financières provoquant une baisse de l'indice de près de 8%, soit un mouvement journalier sans équivalent depuis 2009.

Quant aux marchés obligataires, ils sont loin d'être épargnés, preuve en est la compression de 50 points de base du taux 10 ans américain en moins d'un mois porté en grande partie par le « fly-to-safety », la hausse des taux directeurs en 2015 ne faisant presque aucun doute.

Dans un monde cloisonné sans échanges internationaux, les Banques centrales réussiraient peut-être leur pari de limiter les risques. Mais la période présente illustre qu'avec les intérêts divergents des pays dans une économie mondialisée en crise, les Banques centrales, par leurs actions toujours plus « innovantes », font porter de nouveaux risques aux agents économiques qui peinent à les évaluer correctement.