* Gucci recule de 2,4% au T2, une reprise attendue au S2

* Bottega Veneta et Saint Laurent grimpent

* Le résultat opérationnel baisse de 3,9% (Actualisé avec détails, conférence téléphonique, commentaires)

par Pascale Denis

PARIS, 30 juillet (Reuters) - Kering, qui a sauvé sa croissance organique grâce à Bottega Veneta et Saint Laurent au premier semestre, a annoncé mercredi l'acquisition d'Ulysse Nardin, prestigieuse manufacture suisse qui va lui permettre d'étoffer un portefeuille horloger encore modeste.

Ulysse Nardin, dont la création remonte à 1846, compte parmi les dernières manufactures indépendantes du pays. Connue pour ses chronomètres inspirés de la marine vendus autour de 7.000 francs suisses, la société produit environ 30.000 montres par pour un chiffre d'affaires estimé à environ 250 millions de francs suisses (205 millions d'euros).

Kering, qui n'était pas parvenu à racheter Richard Mille, ne faisait pas mystère de son souhait d'étoffer un pôle horloger comptant les marques Girard-Perregaux et Jean Richard, face aux vastes portefeuilles constitués par Swatch, Richemont et LVMH.

Cette acquisition de choix - la manufacture fabrique ses propres mouvements et composants et dispose d'un puissant réseau de distribution - va apporter à Kering d'importantes capacités de production. Elle s'est faite sur la base d'un multiple de 13 fois l'excédent brut d'exploitation de la marque, a précisé le groupe, sans donner davantage de détails.

"Elle remplit tous les critères, en terme de potentiel de croissance et de synergies", a dit le directeur financier de Kering, Jean-Marc Duplaix, lors d'une conférence téléphonique.

Au premier semestre, Kering est parvenu à stabiliser sa croissance organique grâce à ses pépites Bottega Veneta et Saint Laurent, tandis que Gucci, sa marque phare est passée dans le rouge et que des effets de change négatifs ont pesé sur ses résultats.

PANNE DE CROISSANCE POUR GUCCI

En panne de croissance, Gucci, qui pèse pour environ 65% des profits du groupe, a vu ses ventes baisser de 2,4% à changes constants, après avoir fait du surplace pendant les deux trimestres précédents, alors que les analystes tablaient sur un nouveau trimestre de croissance nulle.

La marque a souffert d'une correction largement attendue au Japon après une explosion des ventes (+32%) en début d'année avant un relèvement de TVA. Les tendances se sont améliorées en Chine mais restent négatives et les ventes sont en net repli à Singapour, Taïwan et Hong Kong. En Europe, la demande locale est restée faible et les flux touristiques ralentis, notamment en provenance de Russie pour cause de crise ukrainienne et de baisse du rouble, mais aussi de Chine.

Malgré un environnement qui reste difficile, le directeur financier a dit anticiper un retour à une croissance positive pour Gucci au second semestre et évoqué une possible progression "inférieure à 5%".

La baisse de Gucci a été compensée par les performances de Bottega Veneta et Saint Laurent, dont les ventes ont grimpé de 20% et 29% respectivement, permettant au pôle luxe de signer une croissance de 5,2% et de faire largement mieux que la division mode-maroquinerie de LVMH, qui compte Louis Vuitton et dont la croissance est tombée à zéro au 2e trimestre.

"Gucci est très au-dessous des attentes, même si c'est largement dû aux ventes en gros et témoigne d'une poursuite de l'amélioration du réseau de distribution", relève Luca Solca, analyste de'Exane BNP Paribas.

Au total, les ventes de Kering ont atteint 4,747 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année (en hausse de 1,5% en données publiées), en ligne avec les attentes.

A taux de change constants, la croissance organique est ressortie à 4% au deuxième trimestre, comme au premier, dépassant légèrement les attentes (+3%).

Le résultat opérationnel du groupe a reculé de 3,9% à 810,2 millions d'euros (798 millions attendus), mais a progressé de 6,2% hors impacts de changes défavorables liés à la baisse du dollar et du yen face à l'euro.

La marge opérationnelle a cédé 90 points de base à 17,1%, sous la pression d'effets de change négatifs, du ralentissement de Gucci et des contre-performances de l'équipementier sportif Puma, qui a vu son résultat opérationnel divisé par plus de deux.

En Bourse, le titre pourrait, aux dires des analystes, résister jeudi matin, après une baisse de 4,5% depuis les résultats de LVMH qui avait entraîné l'ensemble du secteur du luxe dans sa chute. (Edité par Benoît Van Overstraeten)