* L'UE va préparer des nouvelles sanctions sectorielles

* Leur application dépendra des avancées du plan de paix ukrainien

* Réunion du groupe de contact tripartite lundi

* Kiev dénonce la destruction d'une localité frontalière

par Adrian Croft et Richard Balmforth

BRUXELLES/KIEV, 30 août (Reuters) - Le président ukrainien Petro Porochenko n'a laissé à personne le soin d'annoncer que les dirigeants de l'Union européenne avaient décidé samedi de préparer de nouvelles sanctions contre la Russie en raison de son intervention militaire aux côtés des séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

A Bruxelles, où il avait été invité à assister au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens, Petro Porochenko a toutefois laissé la porte ouverte aux négociations avec son homologue russe Vladimir Poutine, en soulignant que la mise en oeuvre des sanctions "dépendrait des avancées du plan de paix" qu'il a présenté il y a plusieurs semaines.

"Sur la base de mes propositions, qui ont été appuyées par la majorité des Etats membres (de l'UE), il y a des sanctions qui pourraient être appliquées, des sanctions sectorielles du troisième niveau", a-t-il dit sans attendre la fin du sommet.

Le chef de l'Etat ukrainien a estimé que le temps était compté avant que le conflit dans le Donbass, où Kiev accuse Moscou d'avoir déployé des milliers de soldats et des centaines de blindés, n'atteigne un "point de non retour".

Le risque de "guerre totale" avec la Russie est désormais réel, a-t-il insisté en disant espérer que la réunion du groupe de contact entre Kiev, Moscou et l'UE prévue lundi permettrait d'aboutir à un accord de cessez-le-feu.

A Kiev, le porte-parole de l'armée ukrainienne, Andriy Lissenko, a affirmé samedi que des chars russes avaient détruit presque toutes les maisons de la petite ville frontalière de Novosvitlivka.

"LA RUSSIE EST EN GUERRE CONTRE L'EUROPE"

"L'agression militaire menée par la Fédération de Russie dans l'est de l'Ukraine se poursuit. Les Russes continuent d'envoyer des équipements militaires et des 'mercenaires'", a dit de son côté le Conseil ukrainien de défense et de sécurité dans un message sur Twitter.

Moscou, qui continue de nier toute intervention en Ukraine, n'a pas réagi à ces accusations, samedi. La veille, Vladimir Poutine avait comparé l'offensive des troupes de Kiev contre les bastions séparatistes à l'invasion nazie en Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.

A l'ouverture du sommet de Bruxelles, les dirigeants européens se sont succédés pour dénoncer la politique du président russe et avertir de ce dernier que ses actes ne resteraient pas sans conséquences.

"Il est établi que la Russie est en guerre contre l'Ukraine", a ainsi estimé la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, appelant l'Europe à soutenir le gouvernement de Kiev avec des équipements militaires.

"Cela signifie que la Russie est en état de guerre contre un Etat qui souhaite être étroitement associé à l'Union européenne. Concrètement, la Russie est en état de guerre contre l'Europe", a-t-elle ajouté.

"Cela signifie que nous devons aider l'Ukraine à défendre son territoire et son peuple et l'aider militairement (...) car aujourd'hui l'Ukraine mène une guerre au nom de toute l'Europe", a-t-elle encore dit.

LAISSER LA PORTE OUVERTE

Face à la dégradation de la situation, le président français François Hollande a également estimé que "l'Europe devait agir".

"Il y a face à cette aggravation de la tension de nouvelles décisions à prendre (...) Les sanctions seront sans doute augmentées", a-t-il dit.

Même fermeté affichée du côté du vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, ou du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, selon lequel "la Russie ne doit pas sous-estimer la volonté et la détermination de l'UE à défendre ses principes et ses valeurs".

"Nous sommes prêts à prendre des mesures très fermes, mais nous maintenons la porte ouverte à une solution politique", a cependant précisé ce dernier, ajoutant que les sanctions ne doivent pas viser à aggraver la crise mais à amener Moscou à négocier.

"Il serait absurde d'avoir une nouvelle guerre froide", laquelle serait "nuisible à l'ensemble de l'Europe", a insisté José Manuel Barroso.

La ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, choisie samedi par les Vingt-Huit au poste de Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et la sécurité, a tenu un discours similaire après l'annonce de sa désignation.

"Tout en réfléchissant et en travaillant au niveau de sanctions, nous devons aussi laisser la porte ouverte à une solution diplomatique (...) en espérant qu'une combinaison, une combinaison intelligente, sera efficace", a-t-elle dit.

(Tangi Salaün pour le service français)