Ryad (awp/afp) - L'Arabie saoudite a annoncé jeudi avoir levé 9 milliards de dollars (8,45 milliards euros) pour sa première émission d'obligations islamiques, ou "sukuk", une initiative qui pourrait réduire la pression sur ses réserves en devises à l'étranger.

Le royaume s'était adressé en octobre au marché conventionnel international pour s'endetter pour la première fois en levant 17,5 milliards de dollars dans une émission obligataire.

L'Arabie saoudite avait également émis des obligations sur le marché local et puisé dans ses réserves en devises, dans le cadre d'efforts visant à réformer son économie et combler ses déficits budgétaires causés par l'effondrement des cours du brut depuis 2014.

"Le ministère des Finances a enregistré (...) pour la première émission internationale de son programme de sukuk un carnet de commandes d'investisseurs de plus de 33 milliards de dollars, ce qui témoigne de la solidité de l'économie saoudienne", a rapporté l'agence officielle SPA.

Les obligations islamiques seront émises en deux tranches de 4,5 milliards de dollars chacune, l'une venant à maturation en 2022 et l'autre en 2027, a ajouté l'agence.

Les sukuk sont des obligations compatibles avec la charia (loi islamique) qui interdit les intérêts bancaires. Ils associent les investisseurs aux gains d'un investissement donné.

L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, a prévu pour 2017 un déficit budgétaire de 53 milliards de dollars, contre un déficit de 79 milliards de dollars l'an dernier, qui avait conduit le gouvernement à comprimer ses dépenses publiques et à geler des projets d'infrastructure.

Dans une étude publiée en mars, la banque Jadwa Investment a indiqué que les réserves en devises du royaume, y compris les titres, les dépôts bancaires et l'or, avaient touché un plus bas en six ans.

Ces réserves ont chuté à 514 milliards de dollars en février, en baisse de 10 milliards de dollars par rapport à janvier et atteignant leur plus bas niveau depuis août 2011, selon l'étude.

"Toute nouvelle émission internationale d'obligations, ou même une émission de sukuk, devrait réduire la pression sur les retraits des réserves en devises étrangères", conclut l'étude.

L'émission de sukuk met l'Arabie saoudite "en bonne position en termes de financement", estime dans des déclarations à l'AFP Patrick Dennis, économiste à Oxford Economics à Londres.

Tout en allégeant la pression sur les réserves en devises, elle devrait continuer à réduire le besoin de s'endetter sur le marché local, a-t-il ajouté.

Les achats d'obligations locales exercent des pressions sur les liquidités des banques, menaçant leur capacité à prêter et à soutenir la croissance économique.

Selon Patrick Dennis, les réserves en devises ont "encore un rôle à jouer durant les prochaines années".

Mais il faudrait savoir si le royaume peut diversifier son économie sans nuire beaucoup à la croissance, afin de pouvoir continuer à emprunter à l'étranger à des taux attractifs, a-t-il poursuivi.

L'Arabie saoudite a engagé l'an dernier un ambitieux plan de réformes économiques et sociales, Vision 2030, qui prévoit de réduire la dépendance de l'économie au pétrole en développant les PME et en encourageant l'emploi des Saoudiens, touchés par le chômage.

afp/rp