SYDNEY, 26 août (Reuters) - Le gouvernement australien a demandé au groupe français de construction navale DCNS de prendre de nouvelles mesures de sécurité en Australie, où il se prépare à construire une nouvelle flotte de sous-marins pour 50 milliards de dollars australiens (33,8 milliards d'euros), après les révélations sur une fuite massive de données, a annoncé un porte-parole du gouvernement vendredi.

Le quotidien australien The Australian a publié cette semaine des extraits de ce qu'il présente comme plus de 22.000 pages de documentation sur les sous-marins Scorpène de DCNS, vendus à l'Inde, ce qui a suscité des interrogations sur la protection des données sensibles du groupe français.

Une source gouvernementale française a déclaré jeudi que DCNS avait été victime d'un vol de documents et non d'une fuite, ajoutant qu'il était peu probable que le vol ait concerné des données classifiées.

Un haut responsable de la défense australienne, agissant sur ordre du ministre de l'Industrie de défense Christopher Pyne, a averti DCNS que le gouvernement était très préoccupé par les conséquences possibles de l'affaire, a dit un porte-parole du ministre à Reuters.

Canberra a choisi en avril le groupe français pour entamer des négociations exclusives en vue de l'achat de 12 sous-marins de classe Barracuda - donc différents des Scorpène - au détriment de l'allemand Thyssenkrupp et du tandem japonais formé par Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries.

Alors que DCNS, après l'article de The Australian, a évoqué la piste de la "guerre économique" dans un contexte ultra-concurrentiel, une source haut placée du secteur a jugé qu'avancer cette piste visait à détourner l'attention des failles de sécurité au sein du groupe français.

"Il est clair qu'il y a eu une fuite massive. Et pour les Français, chercher à faire porter le chapeau aux Japonais ou aux Allemands au prétexte de la 'guerre économique' relève de l'hystérie", a déclaré cette source à Reuters.

DCNS et TKMS, la division spécialisée de Thyssenkrupp, sont actuellement en lice pour un autre contrat lucratif de construction de sous-marins, avec la Norvège cette fois. (Matt Siegel; Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)