PARIS (Agefi-Dow Jones)--A quoi tient la rigueur d'une politique budgétaire gouvernementale ? Il a suffi que l'Insee réintègre deux ardoises supportées par l'Etat dans les chiffres de la dette publique pour ramener à sa juste valeur, proche de zéro, le lénifiant discours du gouvernement sur sa supposée bonne gestion des deniers publics.

La première réintégration résulte, pour des raisons techniques tenant à la dégradation économique de SNCF réseau, du reclassement de cette partie du groupe ferroviaire en administration publique ; l'autre touche à la recapitalisation d'Orano, l'ex-Areva, que Bruxelles a toujours, et à raison, considéré comme abondant la dette publique.

Voilà donc l'Etat, c'est-à-dire les Français, lesté d'une dette frisant les 100 points de PIB : 98,5% précisément, et non plus 96,8% comme on le croyait jusque-là. Bruxelles ne manquera pas d'en prendre acte, sans surprise aucune, et de constater que l'engagement de Paris de réduire de 7 points de PIB, soit quelque 150 milliards d'euros, l'endettement national d'ici 2022 n'est qu'une promesse de Gascon de plus.

Sa pression pour une vraie réduction du déficit structurel va donc s'accentuer. Or le Premier ministre s'est largement contenté jusqu'ici d'enfiler la tenue de menuisier de ses devanciers, et de donner quelques coups de rabot ici et là, un peu plus appuyés que ses prédécesseurs mais nullement équivalents à de vraies décisions de réduction récurrente et pluriannuelle de la dépense publique.

Moyennant quoi, toute baisse de la croissance se retrouve immédiatement dans une hausse du déficit, comme Edouard Philippe l'a reconnu peu glorieusement ces derniers jours.

L'action gouvernementale, qui peut à bon droit se prévaloir de quelques réformes essentielles, est aujourd'hui entravée par trois verrous économiques majeurs : un blocage du chômage à 9% de la population active, une persistance inquiétante des déficits extérieurs, et la lenteur désespérante du rétablissement des comptes publics.

Faut-il dès aujourd'hui désespérer de les voir un jour levés ? Dans ce cas, la sanction politique ne tardera pas.

-Philippe Mudry, Directeur éditorial de L'Agefi ed: ECH

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