FRANCE-L'EXÉCUTIF TENTE DE FAIRE BAISSER LA PRESSION AVANT SAMEDI

PARIS - A deux jours d'une nouvelle mobilisation des "Gilets jaunes" potentiellement "très violente", le gouvernement est monté au front jeudi pour tenter de faire baisser la pression en promettant qu'aucune hausse de la fiscalité écologique n'aurait lieu en 2019 et que les Gafa seraient taxés dès l'an prochain.

Après les violents incidents qui ont fait 263 blessés samedi dernier, l'exécutif espère ainsi éviter de nouveaux débordements à Paris et en province lors d'un week-end crucial pour les commerçants, à deux semaines des fêtes de fin d'année.

Signe d'une certaine inquiétude au sommet de l'Etat, Emmanuel Macron a appelé mercredi, pour la première fois de son quinquennat, les forces politiques, syndicales et le patronat à lancer un appel au calme, dénonçant "le silence coupable" de ceux qui cherchent à "attaquer la République".

A l'Elysée, on évoque des "informations" remontant du terrain qui font craindre "une très grande violence" avec "un noyau dur de plusieurs milliers de personnes" qui viendraient à Paris "pour casser et pour tuer".

"La seule chose qu'on peut dire à tous les citoyens, c'est de surtout ne pas se mêler à ce qui va se passer parce que c'est aujourd'hui dangereux et qu'il y a malheureusement beaucoup trop de gens qui n'ont pas de limite dans l'exercice de la violence", a dit le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer sur BFM TV, conseillant aux gens de rester chez eux samedi.

Pour faire face aux casseurs, le Premier ministre Edouard Philippe a promis des "moyens exceptionnels" qui viendront en renfort des quelque 65.000 forces de sécurité déployées dans toute la France.

MACRON PLUS IMPOPULAIRE QUE HOLLANDE

PARIS - La cote de confiance d'Emmanuel Macron est tombée ce mois-ci à 23%, un niveau inférieur d'un point à celui de François Hollande à la même période de son quinquennat, selon un sondage Elabe pour les Echos et Radio Classique paru jeudi.

Le chef de l'Etat a perdu quatre points au cours du mois écoulé, marqué par la fronde des "Gilets jaunes" contre la vie chère et les violences du 1er décembre à Paris et dans d'autres grandes villes de France.

LE POINT SUR LA CRISE DES "GILETS JAUNES":

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NOMBREUSES INTERPELLATIONS LORS DE BLOCAGES DE LYCÉES

PARIS - Des dizaines de lycées ont encore été perturbés ou bloqués jeudi par des lycéens qui dénoncent la réforme du baccalauréat et Parcoursup, dans un mouvement dénoncé comme d'une "extrême violence" par le ministre de l'Education nationale, et marqué par de nombreuses interpellations.

Selon le ministère, il y avait jeudi environ 200 lycées bloqués, auxquels s'ajoutaient plusieurs dizaines d'établissements perturbés, ce qui fait craindre une convergence avec le mouvement des "Gilets jaunes" qui ont annoncé une nouvelle mobilisation nationale samedi. La France compte quelque 4.200 lycées.

Près de 90 établissements étaient bloqués ou perturbés à la mi-journée en région parisienne, dont sept à Paris, 47 dans l'académie de Créteil et 32 dans celle de Versailles.

Vingt-et-un lycées étaient ainsi perturbés ou bloqués dans l'académie de Marseille. A Marseille même, cinq lycées ont été fermés pour éviter la réédition des violences et débordement que ces établissements ont connus les trois jours précédents.

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LE VOTE DU PARLEMENT BRITANNIQUE SUR LE BREXIT MAINTENU LE 11 DÉCEMBRE

LONDRES - Le vote du Parlement britannique sur l'accord de Brexit que le gouvernement de Theresa May a négocié avec Bruxelles aura bien lieu mardi prochain, ont indiqué jeudi les services de la Première ministre.

Selon le journal The Times, plusieurs ministres souhaitaient que ce vote soit repoussé pour éviter un échec trop cuisant susceptible d'entraîner la chute du gouvernement.

A la veille de ce scrutin décisif, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) dira si le Royaume-Uni a le droit de renoncer à sortir de l'UE sans demander l'avis des autres pays membres.

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ITALIE: LA LIGUE NE VEUT PAS D'UN DÉFICIT INFÉRIEUR À 2,2%

ROME - La Ligue italienne n'est prête à accepter qu'une légère réduction de l'objectif de déficit budgétaire pour 2019, qui selon elle ne doit pas être inférieur à 2,2% du PIB, afin de satisfaire Bruxelles, a-t-on appris jeudi de sources politiques à Rome.

Le mouvement d'extrême droite estime par ailleurs que les concessions du gouvernement français face au mouvement des "gilets jaunes" vont conduire Paris à dépasser les limites fixées par l'UE et permettre à Rome de défendre son budget expansionniste.

La Commission européenne rejette le projet de budget présenté par la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles, au pouvoir depuis juin à Rome, qui fixe pour l'instant l'objectif de déficit de l'an prochain à 2,4% du PIB, contre 1,8% cette année. Le M5S est prêt à envisager 2,1% du PIB, mais pas moins, ajoute-t-on de sources proches de la coalition.

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YÉMEN: OUVERTURE DES POURPARLERS DE PAIX PARRAINÉS PAR L'ONU

STOCKHOLM - Les délégués du gouvernement yéménite et ceux des rebelles houthis se sont mis d'accord jeudi sur la libération de milliers de prisonniers, à l'ouverture de pourparlers de paix sous l'égide des Nations unies en Suède.

Lors d'une conférence de presse, l'émissaire de l'Onu pour le Yémen, Martin Griffiths, a salué ce "bon départ" des discussions, porteur d'espoir. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au moins 5.000 prisonniers devraient être libérés.

Les négociations se tiennent au château de Johannesberg, près de Stockholm, mais les deux parties ne négocieront vraisemblablement pas face à face, laissant Martin Griffiths et son équipe faire la navette entre les délégations.

GENEVE - Plus de 15 millions de Yéménites sont dans un état de "crise" ou d'"urgence alimentaire" et ce chiffre pourrait atteindre les 20 millions à défaut d'une aide humanitaire durable, a annoncé jeudi la Programme alimentaire mondial.

Le Pam ajoute que quelque 65.000 personnes sont en état de "catastrophe alimentaire", soit une situation de quasi-famine, pour la plupart dans les zones de combat. Ce chiffre, prévient l'agence onusienne, pourrait être multiplié par 4 si l'aide alimentaire n'est pas acheminée.

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L'OPEP CONCLUT UN ACCORD PROVISOIRE MAIS ATTEND LA RUSSIE

VIENNE - L'Opep a conclu jeudi un accord provisoire de réduction de la production mais elle attend des nouvelles de la Russie avant d'en préciser l'ampleur, ont déclaré deux sources du cartel.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'est réunie à Vienne mais le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a quitté la capitale autrichienne pour aller s'entretenir avec le président russe, Vladimir Poutine. Il doit revenir à Vienne vendredi pour participer aux discussions qui se tiendront entre l'Opep et ses alliés.

L'Opep espère faire remonter les cours du pétrole, qui ont chuté de près d'un tiers depuis début octobre, mais Donald Trump lui a demandé expressément de s'abstenir de toute diminution des pompages pour que les cours baissent encore plus.

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LA DIRECTRICE FINANCIÈRE DE HUAWEI ARRÊTÉE AU CANADA

VANCOUVER/PEKIN - Meng Wanzhou, directrice financière du groupe chinois Huawei, a été arrêtée le 1er décembre à Vancouver, au Canada, et risque une extradition vers les Etats-Unis, a annoncé le ministère canadien de la Justice, sans préciser les motifs de cette décision qui risque de mettre à mal la trêve commerciale récemment conclue entre Pékin et Washington.

L'information, qui renforce le sentiment que la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine porte, au-delà des droits de douane, sur l'hégémonie en matière technologique, a pesé lourdement sur les marchés financiers mondiaux.

Vers 15h00 GMT, les principaux indices européens perdaient entre 2,5% et 3%, le CAC 40 parisien et l'indice paneuropéen Stoxx 600 évoluant au plus bas depuis deux ans. Au même moment à Wall Street, le Dow Jones abandonnait près de 2%, plombé entre autres par les valeurs technologiques et industrielles, les plus exposées aux tensions commerciales.

Cette arrestation est survenue le jour du dîner entre Donald Trump et Xi Jinping à Buenos Aires en marge du sommet du G20, à l'issue duquel les présidents américain et chinois se sont engagés à ne pas imposer de nouveaux droits de douane et à trouver un accord sur le commerce d'ici à 90 jours.