LE CAIRE, 7 avril (Reuters) - L'Egypte veut emprunter davantage que les 4,8 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) qu'elle a sollicités auprès du Fonds monétaire international pour couvrir l'augmentation de son déficit budgétaire, a annoncé le ministre du Plan selon la presse de dimanche.

C'est la première fois qu'un ministre confirme que le gouvernement cherche à augmenter la taille du prêt.

"L'Egypte va intensifier ses efforts lors des assemblées de printemps du FMI dans la période du 16 au 21 avril pour recevoir des financements supplémentaires pour couvrir son déficit de financement jusqu'à la mi-2015", a déclaré Achraf al Arabi, selon ses propos rapportés par le journal Al Masri Al Youm.

"Il y a des discussions en cours pour augmenter le prêt, estimé à 4,8 milliards de dollars, mais cela pourrait monter, particulièrement avec l'augmentation du déficit budgétaire à 20 milliards de dollars", déclare le ministre.

Une délégation du FMI est actuellement au Caire.

Au quotidien financier Al Mal, le ministre précise que si un accord n'est pas trouvé avant mai, les discussions seront repoussées à octobre, période à laquelle les élections législatives devraient démarrer.

Prié de dire si le prêt serait porté à 5,5 milliards de dollars, Achraf al Arabi déclare dans le quotidien Al Chorouk que ce chiffre est faux mais ne donne pas d'autre montant.

L'Egypte a conclu un accord de principe avec le FMI en novembre dernier sur un montant de 4,8 milliards de dollars, mais le président Mohamed Morsi a suspendu les conditions économiques qui assortissaient le prêt en décembre après une vague de manifestations visant à contester son pouvoir.

Depuis, le climat économique s'est détérioré. La livre égyptienne a perdu près de 10% face au dollar cette année.

L'Egypte va devoir convaincre le FMI de sa volonté d'engager des réformes pour relancer la croissance et réduire le déficit public. Cela devrait passer par une hausse de la fiscalité et des baisses de subventions de certains produits de base, ce qui sera difficile à faire passer auprès de la population.

Selon la réglementation du FMI, le montant qu'un Etat membre peut emprunter est lié à participation (quota) au capital du FMI. Au vu de ce qu'ont emprunté récemment le Maroc et la Jordanie, l'Egypte serait habilitée à recevoir un prêt nettement plus important, soulignent les économistes.

Le Maroc, dont le quota est bien plus faible que celui de l'Egypte, a obtenu une ligne de crédit de 6,2 milliards de dollars l'an dernier, ce qui représente 700% de son quota.

La Jordanie, dont le quota représente moins d'un cinquième de celui de l'Egypte, a reçu deux milliards de dollars, soit 800% de son quota. (Yasmine Saleh et Asma Alcharif; Danielle Rouquié pour le service français)