ADDIS-ABEBA, 16 février (Reuters) - L'Ethiopie a déclaré vendredi l'état d'urgence, au lendemain de l'annonce de la démission du Premier ministre Hailemariam Desalegn, après trois années de crise politique et de violences qui ont fait des centaines de morts à travers le pays.

Le conseil du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), coalition au pouvoir, s'est réuni vendredi et a décidé de décréter l'état d'urgence, a annoncé la chaîne de télévision publique, sans préciser combien de temps s'appliquerait la mesure.

Le conseil du FDRPE est "venu à la conclusion qu'imposer l'état d'urgence est vital pour garantir l'ordre constitutionnel de notre pays", a expliqué l'annonce.

Un représentant de l'opposition avait affirmé plus tôt dans la journée que la coalition au pouvoir avait perdu son autorité, et que tous les partis politiques devaient aider à la reconstruction du pays.

"Il faut un gouvernement qui respecte les droits des Éthiopiens, pas un gouvernement qui les violente et les tue", a dit à Reuters le secrétaire adjoint du parti d'opposition Promo, Mulet Gemechu.

Desalegn a annoncé jeudi qu'il avait présenté sa démission, deux jours après de nouvelles manifestations dans tout le pays pour protester contre la détention de prisonniers politiques. et

Les associations de défense des droits de l'homme ont régulièrement critiqué les agissements du gouvernement éthiopien, qui a arrêté et emprisonné de nombreux opposants politiques et journalistes.

Plus de 6.000 prisonniers politiques ont cependant été libérés depuis le début de l'année, après que le gouvernement a fait part de sa volonté de libérer et gracier des membres de l'opposition afin de "favoriser la réconciliation nationale".

L'Ethiopie est secouée par des violences depuis près de trois ans. Les premières manifestations ont éclaté dans la province d'Oromia pour protester contre des expropriations.

Les rassemblements sur les droits fonciers se sont mués au fil des mois en manifestations contre le gouvernement, notamment après les arrestations de deux dirigeants de l'opposition, Merera Gudina et Békélé Gerba, qui font partie des prisonniers libérés depuis le début de l'année.

Une précédente mesure d'état d'urgence avait été prise en octobre 2016, avant d'être levée en août dernier. (Aaron Maasho, Jean Terzian pour le service français)