Renforcée par un repli des divergences entre la FED et la BCE et par l’évolution de la situation politique en Europe où les populismes trébuchent, la monnaie unique gagne en vigueur et s’éloigne un peu plus de ses points bas annuels.

Sur le plan monétaire, si la Réserve Fédérale a confirmé une nouvelle hausse de taux au mois de mars, à l’unanimité moins une voix, le comité s’est en revanche montré moins optimiste que le gouvernement américain sur la croissance, s’abstenant par conséquent de relever ses prévisions en matière de futurs ajustements du loyer de l’argent.

Bien que la porte soit toujours ouverte à deux nouveaux tours de vis cette année, les opérateurs en ont donc profité pour encaisser quelques bénéfices, déçus que les statistiques observées outre-Atlantique, à l’image de la hausse des prix à la consommation qui enregistre son meilleur score en près de cinq ans, n’aient pas encouragé l’institution de Washington à davantage d’enthousiasme.

A l’inverse, plusieurs membres de la BCE commencent à durcir leur discours. Ainsi Ewald Nowotny, gouverneur de la Banque d’Autriche, a estimé que des hausses de taux pourraient intervenir avant la fin des rachats d’actifs tandis que Jens Weidmann, son homologue d’outre-Rhin, a de son côté indiqué que la Banque centrale européenne devrait « progressivement envisager de sortir de sa politique monétaire ultra accommodante ».

Sur le plan politique, le billet vert pâtit de l’issue d’une réunion des ministres du G20 tenue en Allemagne. Les Etats-Unis ont en effet exigé de retirer la traditionnelle mention destinée à lutter contre le protectionnisme dans le communiqué final, une volonté plutôt ironique après les multiples accusations de l’administration Trump récemment proférées à l’encontre de Pékin, Tokyo ou Berlin. De quoi anticiper quelques échanges musclés lors du sommet des chefs d’Etat prévu dans quatre mois.

En Europe, la victoire aux élections législatives néerlandaises des Libéraux du Premier ministre pro-européen sortant Mark Rutte fait reculer l’influence du mouvement eurosceptique dans le pays. Longtemps favori des sondages, le candidat nationaliste Geert Wilders s’est en effet écroulé dans les dernières semaines, après avoir fait part de sa volonté d’interdire le Coran.

En France, le risque d’une implosion de la zone Euro, liée à la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, se tarit également. Après un premier débat animé entre les cinq principaux prétendants à l’Elysée, un sondage Elabe a désigné Emmanuel Macron, lequel accorde la plus grande place à l’UE dans son programme, comme le plus convaincant.

Selon une enquête de Bank of America Merrill Lynch, près d’un tiers des investisseurs estimeraient désormais que le Dollar est surévalué, proportion d’une ampleur inédite depuis mi-2006.

Graphiquement, l’Euro vient d’effacer 1.0801, notre précédente résistance, en clôture quotidienne, et pourrait désormais s’appuyer sur ce niveau pour poursuivre son rebond. D’abord en direction de 1.0873, soit un retracement de 50% de la baisse constatée au deuxième semestre 2016 et un record depuis l’élection de Donald Trump, puis vers un seuil psychologique à 1.10 USD.