Le repli en Europe est cependant moins marqué que celui subi un peu plus tôt par les places asiatiques, notamment la Bourse de Shanghaï, qui a abandonné plus de 5% pour finir à un creux de près de quatre ans.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 1,46% à 5.130,16 points après plus d'une heure d'échanges. À Francfort, le Dax cède 1,2% et à Londres, le FTSE abandonne 1,62%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 1,38%, le FTSEurofirst 300 de 1,62% et le Stoxx 600 de 1,6%.

"Les marchés d'actions sont pris dans un fort mouvement de vente. L'inquiétude sur l'accélération de la hausse des taux, les avertissements du Fonds monétaire international sur les risques pour la stabilité financière et la persistance des tensions commerciales alimentent les inquiétudes", résument les analystes de la banque néo-zélandaise ANZ.

La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a averti jeudi des risques qu'une guerre commerciale ou qu'une guerre des changes feraient peser sur la croissance mondiale.

Quant à Donald Trump, il a déclaré mercredi que la chute de Wall Street était une "correction" attendue depuis longtemps et que la Réserve fédérale, engagée dans un cycle de relèvement des taux d'intérêt, était devenue "folle".

Dans ce contexte, l'indicateur américain du jour, les prix à la consommation (12h30 GMT), sera très surveillé sur les marchés.

"On regarde tous la Fed, on regarde tous l'économie américaine et on s'inquiète de l'annonce d'une hausse de l'inflation et des salaires", a commenté Rob Carnell, chef économiste chez ING à Singapour.

Il a ajouté toutefois s'attendre à ce que les chiffres de l'inflation aux Etats-Unis ne montrent pas d'accélération brutale des prix.

"Cela pourrait ramener un peu de calme", a-t-il dit.

VALEURS

En Europe, tous les indices sectoriels sont dans le rouge, à commencer par le compartiment de la technologie, dont l'indice Stoxx recule de 1,81% au lendemain de la chute de ce secteur à Wall Street.

Signe de la nervosité des marchés d'actions, l'indice qui mesure la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 prend plus de 16%.

Le compartiment de l'automobile, très sensible aux questions commerciales, est lui aussi sanctionné (-2,31%) avec, à Paris, un repli de 1,44% pour Renault et de 2,4% pour l'équipementier Valeo.

Les valeurs du luxe, qui souffrent des inquiètudes d'un ralentissement de la demande en Chine, reculent également, notamment Kering qui cède encore 2,38% après avoir décroché mercredi de 9,62%.

Contre la tendance, Ingenico bondit de 11,61% après la confirmation par Natixis (-4,65%) de son intérêt pour un rapprochement avec le spécialiste des solutions de paiement. L'action Ingenico profite en outre d'un relèvement de recommandation par Bryan Garnier, qui passe de "vendre" à "acheter" sur la valeur.

A la hausse également, Bayer prend 4,4% après l'annonce que sa filiale Monsanto pourrait obtenir le droit à un nouveau procès portant sur le montant des dédommagements qu'elle devra verser après qu'un jury a considéré que son désherbant Roundup était à l'origine du cancer développé par un agent d'entretien.

A WALL STREET

Le S&P-500 a perdu mercredi plus de 3%, sa plus forte baisse sur une séance depuis la correction de février, portant ses pertes à plus de 5% depuis son record établi le 20 septembre. Techniquement, on pourra parler de correction si ses pertes atteignent 10% par rapport à ce pic de septembre.

Le Nasdaq a cédé pour sa part plus de 4%, emporté notamment par un fort courant de ventes sur les valeurs technologiques, aux valorisations extrêmement tendues. L'indice S&P 500 de la technologie a ainsi chuté de 4,77%, sa plus forte baisse en une séance depuis 2011.

EN ASIE

Les Bourses asiatiques ont souffert. Le Nikkei de la Bourse de Tokyo a perdu près de 4% et le SSE composite de la Bourse de Shanghai plus de 5%. Ce dernier indice a connu sa plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis le 25 février 2016 et à clôturé à un creux de près de quatre ans.

La Bourse de Taiwan a chuté de plus de 6%. L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) a touché en séance son plus bas niveau depuis mars 2017 avec un repli de plus de 4%.

TAUX

Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d'Etat repartent à la baisse après leur envolée de la veille dans un mouvement de retour vers les actifs refuges.

Le rendement des Treasuries à 10 ans, qui a atteint mardi un pic à 3,261%, son plus haut niveau depuis mai 2011, retombe autour de 3,15%. Le taux des titres à deux ans, qui s'est approché cette semaine de 3%, revient à 2,84%.

En Europe, le taux du Bund allemand à 10 ans suit le mouvement et perd près de cinq points de base pour retomber vers le seuil de 0,50%.

Contre la tendance, les rendement des emprunts d'Etat italiens évoluent en forte hausse en raison des tensions persistantes entourant la politique budgétaire de l'Italie. Le taux italien à 10 ans grimpe à 3,565% après avoir bondi jusqu'à 3,712% mardi.

CHANGES

Du côté des devises, le yen joue son rôle de valeur refuge mais le dollar, qui tend pourtant à être recherché lors de phases de turbulences de marché, évolue en baisse face à un panier de devises de référence, dans le sillage des rendements des Treasuries.

Le billet vert progresse en revanche face au yuan chinois, qui poursuit sa chute.

De son côté, l'euro prend 0,2%, autour de 1,1550 dollar.

(Édité par Blandine Hénault)

par Patrick Vignal