(Actualisé avec commentaires PM turc)

BAGDAD/ANKARA, 22 octobre (Reuters) - Le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi a annoncé samedi avoir refusé une proposition de la Turquie de participer à l'offensive contre le groupe Etat islamique à Mossoul.

La capitale de la province de Ninive faisait autrefois partie de l'empire Ottoman et Ankara considère la ville comme faisant partie de sa sphère d'influence. Le gouvernement turc a un différent avec le gouvernement irakien sur la présence de troupes turques au camp de Bachika près de Mossoul.

"Je sais que les Turcs veulent participer; nous leur disons merci mais c'est quelque chose que nous, Irakiens, allons gérer nous-mêmes", a déclaré Haïdar al Abadi aux journalistes après avoir rencontré le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter samedi à Bagdad.

"Si nous avons besoin d'aide, nous en demanderons à la Turquie ou à d'autres pays de la région", a-t-il ajouté.

Ashton Carter avait pourtant fait état vendredi d'un "accord de principe" entre Bagdad et Ankara permettant à terme une participation turque, après une réunion avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Il restait des détails à négocier avaient toutefois indiqué Ashton Carter et d'autres responsables.

Au ton employé samedi par Haïdar al Abadi, cette participation semble improbable rapidement. Le Premier ministre irakien a évoqué une visite effectuée par une délégation turque cinq jours auparavant.

"La vérité est que nous n'avons pas vu cela comme suffisant concernant (...) le respect de la souveraineté irakienne", a-t-il déclaré à la presse. "(...) Nous voulons entendre de la partie turque, dans l'armée, dans le public, plus de propos relatifs au respect de la souveraineté de l'Irak."

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit craindre des affrontements meurtriers entre communautés si l'armée irakienne devait s'appuyer sur les combattants des milices chiites pour reprendre Mossoul, une ville essentiellement sunnite.

Le Premier ministre turc Binali Yildirim a critiqué les commentaires du Premier ministre irakien, les qualifiant de "provocateurs", sans autre précision et a indiqué que la Turquie continuerait à avoir une présence en Irak.

Il a par la suite indiqué que la Turquie était prête à agir en Irak parce qu'elle n'était pas satisfaite par les promesses de Washington et Bagdad de ne pas faire participer les combattants kurdes et les milices chiites aux combats.

La Turquie ne peut rester immobile face à ce qui se passe en Irak, compte tenu des 350 kilomètres de frontière qui séparent les deux pays, a déclaré Binali Yildirim, qui s'exprimait devant des journalistes.

"La Turquie ne pourra jamais rester immobile face aux massacres, à la possibilité d'un afflux de réfugiés et de combats le long de sa frontière et elle agira si nécessaire", a déclaré le chef du gouvernement. Ses commentaires ont été diffusé en direct à la télévision.

"Nous avons fait tous les préparatifs pour prendre nos mesures parce que la promesse donnée par les Etats-Unis et l'Irak sur le PKK et les milices chiites qui ne prendraient pas part aux opérations ne nous satisfait pas pour l'instant." (Phil Stewart et Tuvan Gumrukcu; Tangi Salaün et Danielle Rouquié pour le service français)