(Actualisé tout du long)

par Saif Hameed et Ece Toksabay

BAGDAD, 30 décembre (Reuters) - Le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi a accusé mercredi la Turquie de ne pas tenir son engagement de retirer les soldats qu'elle a déployés dans le nord de l'Irak et le ministre irakien des Affaires étrangères a brandi la menace d'un recours à la force militaire pour défendre la souveraineté du pays.

La tension diplomatique s'est accrue entre Bagdad et Ankara après l'envoi d'environ 150 soldats, appartenant à une unité de protection, que le gouvernement turc a justifié en raison d'un accroissement des risques près de la base militaire de Bachika, dans le nord de l'Irak.

Des troupes turques sont présentes sur cette base et participent à l'entraînement d'une milice irakienne qui doit participer à la lutte contre l'Etat islamique près de Mossoul, grande ville du Nord tenue par les djihadistes.

La province de Ninive, où se trouve la base de Bachika, n'est contrôlée qu'en partie par les forces irakiennes depuis la série de défaites qu'elles ont enregistrées face aux islamistes en juin 2014.

Dans un entretien téléphonique avec son homologue turc Ahmet Davutoglu, le Premier ministre irakien a rappelé que la Turquie s'était engagée à retirer ses troupes de cette région.

"Mais le gouvernement turc n'a pas respecté l'accord et nous demandons que le gouvernement turc annonce immédiatement qu'il va se retirer d'Irak", a dit Haïdar al Abadi, selon un communiqué diffusé par ses services.

Ankara a reconnu qu'il y avait eu dans cette affaire "un défaut de communication". Certaines troupes turques ont été retirées et envoyées dans une autre base sur le territoire de la région autonome du Kurdistan irakien.

DÉFENDRE LA SOUVERAINETÉ

Toutefois, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu'un retrait complet était hors de question. Haïdar al Abadi a rappelé à Davutoglu que l'Irak n'avait pas autorisé ce déploiement.

S'exprimant mercredi soir, Ahmet Davutoglu a affirmé que son pays respectait la souveraineté de l'Irak tout en rappelant que le pouvoir en place à Bagdad n'exerçait aucun contrôle sur un tiers du territoire irakien. "Si Bagdad veut utiliser la force, il faut le faire contre Daech", a dit Davutoglu.

Dans une conversation téléphonique avec Abadi, le Premier ministre turc a également rappelé la nécessité d'un engagement des deux pays en faveur d'une "coopération étroite en pleine coordination" contre l'Etat islamique.

Ahmet Davutoglu a profité de cet appel pour féliciter le gouvernement irakien après la reprise du centre ville de Ramadi, ont également indiqué ses services.

Plus tôt dans la journée, le ministre irakien des Affaires étrangères a affirmé que l'Irak pourrait, en dernier recours, intervenir militairement pour se défendre face à l'intrusion de forces turques dans le nord de son territoire.

"S'il n'y a aucune autre solution que militaire, nous adopterons cette solution (militaire). Si nous sommes obligés de combattre et de défendre notre souveraineté et nos biens, nous combattrons", a dit Ibrahim al Djaafari à la presse à Bagdad.

Le vice-président américain Joe Biden a prévu de se rendre en Turquie le 23 janvier pour une rencontre avec Erdogan et avec Davutoglu, indiquent des sources au sein du gouvernement turc.

(Saïf Hamid; Eric Faye pour le service français)