VIENNE, 25 mai (Reuters) - Les pays signataires de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 se sont réunis pour la première fois depuis le retrait des Etats-Unis vendredi à Vienne, où Téhéran a demandé aux Européens de lui faire des propositions économiques d'ici au 31 mai.

Depuis la décision de Donald Trump, les pays européens concernés - France, Grande-Bretagne et Allemagne - cherchent un moyen de garantir à l'Iran qu'il continuera à bénéficier des retombées économiques de l'accord pour le convaincre de ne pas relancer son programme nucléaire - suspendu en contrepartie d'une levée progressive des sanctions internationales.

Mais leur tâche est compliquée par les inquiétudes des entreprises européennes qui craignent de s'exposer à des sanctions financières américaines.

Des représentants des trois Etats et des deux autres pays signataires, la Russie et la Chine, ont retrouvé vendredi à Vienne une délégation iranienne pour tenter de maintenir à flot l'accord signé dans la capitale autrichienne en 2015.

"Pour l'instant, on négocie pour voir s'ils peuvent nous proposer un ensemble de mesures qui garantiraient à l'Iran le bénéfice de la levée des sanctions et ensuite il faudra obtenir des garanties pour ces mesures", a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, au terme de la réunion.

Un membre de la délégation iranienne a précisé qu'il espérait que des propositions seraient formulées d'ici à la fin du mois.

L'une des pistes évoquées serait d'ordonner aux entreprises européennes de ne pas se soumettre aux sanctions réinstituées unilatéralement par les Etats-Unis, une autre d'effectuer les transferts d'argent directement auprès de la Banque centrale iranienne pour éviter d'éventuelles amendes et de trouver des canaux de financement alternatifs.

Un responsable européen participant aux discussions a souligné que de telles mesures ne pourraient en tout état de cause pas être mises en place du jour ou lendemain. Les ministres des Affaires étrangères des pays concernés doivent se retrouver dans les prochaines semaines pour en discuter.

L'optimisme n'est pas de rigueur, surtout après les déclarations du nouveau chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, qui a menacé lundi d'imposer à l'Iran "les sanctions les plus dures de l'histoire" si Téhéran ne change pas de politique au Proche-Orient.

"Les déclarations de Pompeo ont fait l'effet d'une douche froide", a souligné un diplomate européen présent à Vienne. "Nous allons essayer de nous accrocher à l'accord mais nous ne nous faisons guère d'illusions."

(John Irish et François Murphy Tangi Salaün pour le service français)