L'Organisation de coopération et de développement économiques confirme sa prévision d'une croissance mondiale à 4,6% en 2010 et abaisse celle de 2011 à 4,2% contre 4,5% prévu en mai, dans ses nouvelles perspectives semestrielles publiées jeudi.

En 2012, la croissance mondiale serait de 4,6%.

L'OCDE souligne des risques substantiels sur ses prévisions, les risques baissiers étant les plus forts dans un contexte de fragilité des marchés financiers, de désendettement des ménages, de problèmes de dettes des Etats et de tensions sur les changes.

Pour l'ensemble de la zone OCDE, la croissance serait de 2,8% en 2010, 2,3% en 2011 et 2,8% en 2012. L'organisation qui rassemble 33 pays prévoyait en mai 2,7% en 2010 et 2,8% en 2011.

"Nous voyons la reprise se poursuivre mais à un rythme plus lent", a déclaré à Reuters Pier-Carlo Padoan, chef économiste de l'OCDE.

La révision à la baisse est sensible pour les Etats-Unis où la croissance est désormais attendue à 2,7% en 2010 et 2,2% en 2011 contre 3,2% prévu en mai pour ces deux années. En 2012, la croissance américaine rebondirait pour atteindre 3,1%.

La zone euro se redresserait plus fortement que prévu cette année avec une croissance de 1,7% (1,2% prévu en mai), qui reste inférieure à celles des autres zones économiques avancées.

A 1,7% en 2011, la nouvelle prévision de croissance pour la zone euro est légèrement plus basse que celle de mai (+1,8%).

En 2012, la croissance dans la zone atteindrait 2,0%.

Le Japon devrait connaître une croissance de 3,7% cette année, supérieure aux 3,0% prévu en mai, avant un ralentissement marqué, à 1,7% en 2011 (2,0% prévu en mai) et 1,3% en 2012.

Selon Pier-Carlo Padoan, le ralentissement de la reprise s'explique notamment par le fait qu'elle était largement alimentée par des politiques de soutien public qui s'amenuisent à mesure que les pays commencent à redresser leurs finances.

Le commerce mondial devrait croître de 8,3% l'an prochain et de 8,1% en 2012, après 12,3% cette année.

RISQUES

L'OCDE souligne le risque pour la croissance que constituerait un nouveau recul de l'immobilier aux Etats-Unis et au Royaume-Uni en raison de son impact négatif potentiel sur la consommation des ménages.

Des "risques clairs" demeurent d'autre part du fait des inquiétudes persistantes quant à la soutenabilité des dettes publiques de certains pays qui, si elles s'accentuaient, pourraient perturber les marchés financiers et la confiance.

Parmi les risques, l'OCDE relève aussi la possibilité d'un retournement brutal des rendements des obligations souveraines, les incertitudes sur les banques et la disponibilité du crédit, les effets adverses d'afflux de capitaux importants dans les pays émergents et les actions protectionnistes que pourraient entraîner les récentes interventions de politique monétaire.

Pier-Carlo Padoan souligne que les déséquilibres mondiaux ont dans certains cas recommencé à s'accentuer et qu'"il y a des craintes croissantes qu'ils puissent menacer la reprise".

Selon l'économiste, "la combinaison d'une coordination macroéconomique et des politiques de taux de change et structurelles donnerait de meilleurs résultats à moyen terme, avec une croissance plus élevée, une consolidation budgétaire plus forte et des déséquilibres extérieurs moins importants".

POLITIQUES MONÉTAIRES ACCOMMODANTES

Il souligne d'autre part que du fait du niveau très bas des taux d'intérêt, la politique monétaire ne peut dans de nombreux pays compenser l'impact négatif à court terme de la contrainte des dépenses publiques sur la croissance, même si l'assouplissement quantitatif peut parfois apporter un soutien.

L'OCDE estime que les politiques monétaires doivent rester accommodantes dans un contexte où l'utilisation des ressources reste faible dans de nombreux pays, où l'inflation est basse et les anticipations d'inflation sont proches des objectifs des banques centrales.

L'organisation souligne toutefois que des taux d'intérêts bas mais positifs seraient bénéfiques à la stabilité financière.

Elle estime en effet que la mise à disposition de liquidités abondantes à des taux proches de zéro peuvent prolonger la vie d'institutions insolvables, fausser le coût du risque et provoquer une hausse des actifs dans les pays émergents susceptible de provoquer des mesures de rétorsion engendrant des déséquilibres.

Dans cette optique, "les pays devraient en général éviter d'intervenir sur les marchés des devises à des fins de dévaluation compétitive des monnaies", déclare l'OCDE.

Jean-Baptiste Vey et Leigh Thomas, édité par Yves Clarisse