L'institut revoit ainsi en baisse de 0,3 point ses prévisions pour 2018 et 2019 à la lumière du trou d'air enregistré sur les six premiers mois de cette année, avec un taux de croissance trimestriel tombé à 0,2% (après 0,7% au 4e trimestre 2017).

Il rejoint le consensus des organisations internationales, de la Banque de France et de l'Insee, qui tablent sur un PIB en hausse de 1,6% à 1,7% cette année et dans une fourchette de 1,6% à 1,8% l'an prochain.

La prévision de 1,7% pour 2017 suppose pour le second semestre un rebond vigoureux qui sera nourri par la consommation des ménages grâce à une accélération de leur pouvoir d'achat, mis à mal par un calendrier fiscal défavorable début 2018.

Il progresserait de 0,5% au 3e trimestre puis de 1,6% au 4e trimestre, soit sa plus forte hausse depuis fin 2002, avec le deuxième round de la baisse des cotisations sociales salariés au 1er octobre puis le début de celle de la taxe de d'habitation.

Les économistes de l'OFCE anticipent en conséquence un PIB en hausse de 0,5% au 3e trimestre puis de 0,6% au quatrième, là où l'Insee attend 0,5% (T3) puis 0,4% (T4).

PAS D'ACCÉLÉRATION DE L'INFLATION SOUS-JACENTE

Le pouvoir d'achat devrait encore soutenir la croissance en 2019 : la bonne tenue de la masse salariale, la forte dynamique attendue des revenus du capital et la montée en charge des mesures de soutien au revenu des ménages (baisse des cotisations en année pleine, "désocialisation" des heures supplémentaires, nouvelle baisse de la taxe d'habitation) devraient lui permettre d'augmenter de 1,9% malgré les nouvelles hausses de la fiscalité indirecte (carburants et tabac), la désindexation de certaines prestations (retraite et famille notamment) ou le nouveau mode de calcul des aides au logement.

Selon l'OFCE, l'économie française profitera encore l'an prochain d'un investissement des entreprises toujours dynamique et d'une accélération de celui des administrations publiques.

Pour la suite, les économistes de l'institut anticipent l'apparition en 2020 des premiers signes d'une fin de cycle, sous la forme d'une moindre demande extérieure adressée à la France, et ce au moment où le PIB revient vers son potentiel, limitant d'autant les marges spontanées de croissance.

A l'inverse d'autres institutions, ils estiment en effet que l'économie française n'a toujours pas comblé l'écart de production - différence entre la croissance réelle et la croissance potentielle - accumulé ces dernières années et qu'elle ne devrait s'en rapprocher que fin 2019.

Dans l'immédiat, les tensions signalées sur le marché du travail, avec des difficultés de recrutement des entreprises, "ne se traduisent pas par une accélération de l'inflation sous-jacente ou des salaires au-delà de celle de la productivité du travail, signe que l'économie française n'a pas buté jusqu'à présent sur ses capacités de production", disent-ils.

(Yann Le Guernigou, édité par Myriam Rivet)