NATIONS UNIES, 22 décembre (Reuters) - L'Assemblée générale des Nations unies s'est prononcée mercredi pour la création d'une équipe spéciale chargée de "collecter, regrouper, préserver et analyser les preuves" de crimes de guerre et atteintes aux droits de l'homme commis dans le conflit syrien.

La résolution présentée par le Liechtenstein a été adoptée par 105 voix contre 15; il y a eu 52 abstentions.

Cette équipe travaillera en coordination avec la Commission d'enquête de l'Onu sur la Syrie créée en 2011 par le Conseil des droits de l'homme de l'Onu, basé à Genève.

"Nous avons trop souvent et trop longtemps différé toute action significative en matière de responsabilités", a expliqué avant le vote l'ambassadeur du Liechtenstein auprès des Nations unies, Christian Wenaweser.

L'inaction de l'Onu, a-t-il ajouté, a envoyé "le signal que commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité était une stratégie tolérée et sans conséquences".

Cette équipe spéciale devra également préparer des dossiers en vue de poursuites juridiques "devant des juridictions nationales, régionales ou internationales qui ont ou pourraient avoir à l'avenir autorité à se prononcer sur ces crimes".

La résolution appelle tous les Etats et parties au conflit ou groupes de la société civile à coopérer avec elle.

La Syrie, mais aussi ses alliés russe et iranien, ont dénoncé cette initiative. "La création d'un tel mécanisme est une ingérence flagrante dans les affaires intérieures d'un Etat membre de l'Onu", a condamné l'ambassadeur syrien Bachar Jaafari.

A plusieurs reprises depuis sa création, en 2011, la Commission d'enquête de l'Onu sur la Syrie a réclamé que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale de La Haye. En 2014, la Russie et la Chine ont mis leur veto à un texte des Occidentaux qui proposait de transmettre le dossier des crimes syriens à la CPI.

L'Onu estime que le conflit syrien a fait plus de 400.000 morts depuis 2011, tandis que la moitié des 22 millions de Syriens ont été déplacés ou contraints à se réfugier à l'étranger. (Michelle Nichols; Henri-Pierre André pour le service français)