par Rania El Gamal et Alex Lawler

KHOBAR, Arabie saoudite/LONDRES, 22 mai (Reuters) - L'Opep pourrait décider d'augmenter sa production dès juin en raison des craintes d'approvisionnement liées au Venezuela et à l'Iran, alors que Washington juge la hausse des cours trop importante, ont rapporté à Reuters des sources du secteur et du cartel.

Les pays du Golfe membres de du cartel mènent des discussions préliminaires sur le moment où ils pourraient décider d'une augmentation de leur production après que le prix de l'or noir a dépassé les 80 dollars le baril la semaine dernière, ont-elles dit.

L'accord dit "Opep+", visant à réduire la production cumulée de 1,8 million de barils par jour (bpj) pour désengorger le marché mondial et faire remonter les cours, est entré en vigueur en janvier 2017 et a été prolongé jusqu'à la fin de l'année.

"Toutes les options sont sur la table", a dit une source à Reuters, ajoutant que cette décision d'accroître les extractions pourrait être prise en juin, lors de la prochaine réunion régulière de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole prévue à Vienne.

Le taux de conformité a atteint 166% en avril, un niveau record qui montre que le cartel est bien au-dessus de ses objectifs de réduction de la production.

"Nous étudions toujours les différents scénarios", a déclaré la deuxième source, ajoutant que même si l'Opep décidait d'assouplir le plafonnement de sa production en juin, cela pourrait demander entre trois et quatre mois pour prendre effet.

"C'est l'une des options," a dit une source de l'Opep, évoquant une décision sur une hausse de la production en juin.

La chute de la production vénézuélienne a permis à l'Opep de réduire ses extractions au-delà de ce que prévoyait l'accord d'encadrement de l'offre.

Le ministre de l'Energie saoudien, Khalid Al Falih, doit rencontrer cette semaine à Saint-Pétersbourg ses homologues russe et des Emirats arabes unis, pays qui assure actuellement la présidence de l'Opep.

Jusqu'à maintenant, le cartel a dit qu'il ne voyait pas la nécessité d'assouplir son accord d'encadrement malgré une baisse des stocks mondiaux au niveau qu'il souhaitait et les craintes des pays consommateurs de voir la hausse des prix peser sur la demande.

Mais les sources ont indiqué que la chute rapide des stocks mondiaux, l'effondrement de la production vénézuélienne et une éventuelle baisse des exportations iraniennes avaient incité l'Opep à évoluer.

Les inquiétudes des Etats-Unis quant à des cours trop élevés l'ont également poussée à engager des discussions internes, ont jouté les sources.

Le président américain Donald Trump a accusé l'Opep le mois dernier de faire monter "artificiellement les prix". (Rania El Gamal et Alex Lawler, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Nicolas Delame)