(Actualisé avec adoption des mesures, citations)

BRUXELLES, 10 février (Reuters) - Les 28 Etats membres de l'Otan ont adopté mercredi à Bruxelles de nouvelles dispositions sans précédents pour dissuader la Russie de toute initiative militaire dans les pays baltes et en Europe de l'Est, près de deux ans après l'annexion de la Crimée.

Ces mesures doivent permettre en cas de nécessité le déploiement rapide de forces terrestres, aériennes et navales dans les régions menacées.

Il s'agit aussi de prépositionner des forces dans les Etats baltes et en Pologne, selon un principe de rotation, d'y installer des entrepôts et d'organiser régulièrement des manoeuvres conjointes en s'appuyant sur la force de réaction rapide.

Les ministres de la Défense de l'Otan ont décidé l'an dernier de renforcer la présence de l'Alliance en Europe de l'Est en y établissant un réseau de petits centres de commandement.

Ils sont aussi convenus de porter les effectifs de la force de réaction rapide de 13.000 à 40.000 hommes et de créer une force d'intervention encore plus réactive, opérationnelle en quelques jours, forte de 5.000 hommes et dotée d'un appui aérien et naval.

"La Russie est une menace. Ce sont les actes de Moscou en Crimée, son soutien aux séparatistes ukrainiens et ses manoeuvres sans préavis qui nous inquiètent", a déclaré le ministre lituanien de la Défense, Juozas Olekas.

Pour son homologue britannique Michael Fallon, les mesures adoptées mercredi montrent que les engagements de l'Otan ne sont pas que verbaux et qu'elle fait preuve d'une plus grande cohésion que sur le dossier syrien.

ENTRETENIR LE DIALOGUE

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Alliance qui doit rencontrer le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à l'occasion de la Conférence sur la sécurité qui s'ouvre vendredi à Munich, lui expliquera qu'il s'agit de mesures défensives.

"Nous pensons qu'au cours des moments difficiles, tels que celui que nous traversons, il est encore plus important d'entretenir le dialogue entre l'Otan et la Russie", a-t-il souligné.

Les Etats-Unis veulent allouer en 2017 3,4 milliards de dollars (trois milliards d'euros) à cette "initiative de réassurance européenne" lancée après l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.

Cette somme permettra d'assurer la rotation d'effectifs plus importants dans la région, avec plus de chars et de véhicules blindés.

"Cela ne ressemblera pas à ce qui se passait au temps de la Guerre froide mais constituera quand même une sérieuse dissuasion", a dit le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui a souligné la nécessité pour tous les Etats membres de l'Otan de contribuer à ce financement.

A terme, l'Otan aura un millier de soldats dans chacun des six pays qu'elle entend protéger : Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie. Ces troupes seront appuyées par la force de réaction rapide interarmées qui réunit aviateurs, marins et membres des forces spéciales. (Robin Emmott et Phil Stewart; Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)