L'apaisement des marchés financiers après les secousses du début d'année profite certes aux actifs des marchés développés mais aussi aux émergents. Ajouté à la perspective d'une légère accélération de la croissance à 4,2% en 2016 (contre 4% en 2015), ce retour en grâce devrait "contribuer à améliorer le sentiment des investisseurs vis-à-vis des marchés obligataires émergents et se concrétiser par un retour progressif des flux de capitaux", selon Denis Girault, responsable de la gestion obligataire pays émergents chez Union Bancaire Privée (UBP).

De ce point de vue, l'expert obligataire de l'UBP note que les perspectives du marché du crédit "corporate" émergent notamment s'éclaircissent. "Du point de vue des fondamentaux des émetteurs, la résilience dont fait preuve l'essentiel des entreprises représente aussi un catalyseur pour la classe d'actifs. Si le ralentissement économique a pesé sur l'activité des entreprises, particulièrement dans le secteur des matières premières, la plupart d'entre elles ont profité de la forte dépréciation des devises locales pour réduire leurs coûts et augmenter leurs marges", explique Denis Girault.

Au sein de ce segment des obligations d'entreprises, le gérant de l'UBP note tout de même que la sélectivité est de rigueur. Ainsi, "aucun défaut d'émetteurs émergents investment-grade n'a été constaté au cours des six dernières années et nous n'attendons pas de défaut cette année dans ce segment" alors que la baisse des cours des matières premières et la récession qui touche certains pays,  notamment le Brésil, pourraient mettre sous pression des émetteurs sur le segment high yield.

Dans ce contexte, le responsable de la gestion obligataire pays émergents chez Union Bancaire Privée cherche "à augmenter la qualité de crédit moyenne de nos portefeuilles et (reste) à l'écart des émetteurs les plus volatils (réduction des titres notés B du secteur des matières premières)".

En termes géographiques, Denis Girault augmente son exposition aux émetteurs asiatiques, au détriment de ceux d'Amérique latine. "La région Asie continue de bénéficier de hauts niveaux de croissance et de balances courantes excédentaires. Ses pays sont aussi moins exposés à la faiblesse des prix pétroliers. Dans ces conditions, la qualité de crédit des émetteurs asiatiques est par exemple bien meilleure que celle des émetteurs d'Amérique latine, 80% d'entre eux étant classée en catégorie investment-grade, contre 50% en Amérique latine", justifie le gérant.