par Roberta Rampton

WASHINGTON, 23 mai (Reuters) - La Maison blanche va présenter mardi le premier projet de budget de la présidence Trump, une feuille de route qui prévoit de réduire considérablement le financement des programmes destinés aux plus pauvres pour combler le déficit.

S'il était adopté tel quel par le Congrès, le projet de budget Trump réduirait de 3.600 milliards de dollars (3.200 milliards d'euros) les dépenses publiques d'ici la fin de la décennie.

Sur ces économies, 800 milliards de dollars seraient économisés à la faveur d'une diminution de l'assurance santé Medicaid, destinée aux plus pauvres, et 192 milliards seraient prélevés dans les programmes de distribution de coupons alimentaires.

Rien ne permet de dire que le Congrès adoptera le projet présenté par Donald Trump, d'autant que de nombreux parlementaires américains risquent d'être tentés de refuser de voter les éléments les plus controversés pour ne pas se couper de leur électorat avant les élections de mi-mandat.

Le budget, qui couvre l'exercice fiscal qui commencera en octobre, doit venir illustrer la volonté de la Maison blanche de soutenir davantage les entreprises alors qu'elle est confrontée aux retombées politiques du limogeage de l'ancien directeur du FMI, James Comey, qui dirigeait une enquête sur des soupçons de collusion entre l'équipe Trump et des personnalités russes.

"Si le Congrès dispose d'une autre solution pour atteindre cet objectif (la diminution du déficit NDLR), que Dieu les bénisse, c'est génial", a expliqué le directeur du budget de la Maison blanche, Mick Mulvaney, qui défendra son projet mercredi et jeudi au Congrès.

En tournée au Moyen-Orient et en Europe, son premier déplacement depuis son investiture en janvier, Donald Trump ratera la mise à feu de son projet de budget.

La principale économie proposée par la Maison blanche provient du programme Medicaid. Cette approche était préconisée dans un texte voté par la chambre début mai par laquelle les représentants républicains entendaient réduire le coût du dispositif Obamacare qui a étendu la couverture sociale.

Le Sénat, qui élabore de son côté son propre projet, pourrait faire entendre son opposition au projet.

Le programme d'alimentation supplémentaire (SNAP), qui consiste notamment à distribuer des coupons alimentaires, serait quant à lui réformé pour contraindre ses bénéficiaires sans enfant à travailler. Le projet Trump souhaite en outre que les Etats le prennent davantage à leur charge.

"PRENDRE SA VIE EN CHARGE"

"Il n'est plus question de mesurer la compassion par rapport au nombre de programmes ou au nombre de bénéficiaires de ces programmes", a déclaré Mick Mulvaney à la presse.

"Nous allons mesurer la compassion et le succès par le nombre de personnes qui sortent de ces programmes et prennent à nouveau leur vie en charge."

Parmi les autres économies envisagées, figure la piste d'une diminution de 46 milliards de dollars sur dix ans du budget des services postaux américains.

Le projet prévoit également de vendre la moitié des réserves pétrolières nationales d'urgence pour lever 16,5 milliards de dollars et d'autoriser des forages dans la réserve animale nationale de l'Arctique, en Alaska.

Du côté des dépenses, le projet Trump propose de financer à hauteur de 25 milliards de dollars un dispositif de congé parental de six semaines après une naissance ou une adoption.

Il suggère également de dépenser 200 milliards de dollars pour encourager les Etats et autres collectivités locales à investir dans les programmes d'infrastructures, tout en réduisant de 95 milliards de dollars le programme de financement des autoroutes.

Il propose enfin de provisionner 1,6 milliard de dollars pour financer la construction d'un mur à la frontière mexicaine.

Le projet de budget Trump s'appuie sur des hypothèses économiques extrêmement optimistes, celle d'une croissance de 3% d'ici la fin de son premier mandat, une expansion que beaucoup d'économistes et la Réserve fédérale jugent irréaliste.

D'après l'enquête menée par Reuters auprès de 100 économistes du 12 au 18 mai, la croissance devrait rebondir à 3,2% au deuxième trimestre mais il s'agira de son niveau le plus élevé jusqu'à fin 2018 et les moyennes annuelles cette année et la suivante seront nettement inférieures à 3%.

Les analystes de Wall Street pensent de leur côté que le projet de baisse d'impôts préconisé par la Maison blanche permettra de dégager une croissance limitée à 2,3% en 2020. (Avec Yasmeen Abutaleb, David Shepardson, Timothy Gardner, Ginger Gibson, Jason Lange et Julia Edwards Ainsley à Washington, PJ Huffstutter à Chicago, Nicolas Delame pour le service français)