LAHORE, Pakistan, 13 juillet (Reuters) - L'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et sa fille Maryam ont été arrêtés vendredi à leur retour dans leur pays, où ils ont été condamnés la semaine dernière à de lourdes peines de prison pour corruption.

Le chef de file de la Ligue musulmane pakistanaise-Nawaz (LMP-N), rentré de Londres pour tenter de contribuer au succès de sa formation aux législatives du 25 juillet, est arrivé vers 20h45 (16h45 GMT) à Lahore, où des hommes en uniforme l'ont aussitôt interpellé avec sa fille, a rapporté un journaliste de Reuters qui se trouvait à bord du même avion.

Un porte-parole de la LMP-N a confirmé peu après leur arrestation. Selon une chaîne de télévision locale, ils ont ensuite quitté Lahore à bord d'un autre avion. Une dizaine de milliers de partisans de l'ancien chef du gouvernement s'y étaient rassemblés pour l'acclamer.

Son retour pourrait donner un nouveau tour à une campagne émaillée d'accusations envers l'armée, soupçonnée de chercher à favoriser le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) dirigé par l'ancien champion de cricket Imran Khan.

Des heurts entre partisans de Nawaz Sharif et forces de l'ordre ont éclaté vendredi sur une grande artère de Lahore, où un imposant dispositif policier avait été déployé, selon un journaliste de Reuters sur place.

Le réseau de téléphonie mobile a par ailleurs été désactivé en milieu d'après-midi, alors que 10.000 personnes emmenées par Shehbaz Sharif, frère de Nawaz et chef de file de la LMP-N, bravaient l'interdiction de manifester en vigueur dans toute la ville.

Outre les tensions politiques, un attentat suicide commis lors d'un rassemblement électoral a fait 85 morts vendredi à Mastung, dans la province du Baloutchistan.

Nawaz Sharif, qui se trouvait au chevet de son épouse soignée à Londres, et sa fille, qui est aussi son héritière politique, ont été respectivement condamnés vendredi par contumace à dix et sept ans de prison pour corruption.

L'ancien Premier ministre a été destitué par la Cour suprême en 2017 pour avoir dissimulé des revenus. Il avait dénoncé une décision politique et laissé entendre que l'armée était à l'origine de cette procédure.

(Drazen Jorgic et Mubasher Bukhari avec Saad Sayeed à Islamabad et Syed Raza Hassan à Karachi Jean-Philippe Lefief pour le service français)