Acculée à la fois par le risque politique en France et la prudence de la BCE, la monnaie unique ne doit sa résistance qu’à la faiblesse relative du billet vert, pénalisé par l’imprévisibilité qu’incarne à lui seul Donald Trump.

Hier déterminé à abroger l’Obamacare, critique envers la politique accommodante de la Réserve Fédérale, vindicatif contre la Chine et opposé à toute ingérence en Syrie, aujourd’hui consensuel au Congrès, favorable à des taux bas, allié de circonstance avec Pékin et prompt à bombarder le régime de Damas, la versatilité du nouveau président américain est si stupéfiante qu’elle déboussole totalement les opérateurs.

S’interrogeant à la fois sur la faisabilité des réformes promises, l’avenir de l’indépendance de la FED, l’éclatement potentiel d’une nouvelle guerre des changes ou le rafraichissement extrême des relations qu’entretiennent les Etats-Unis avec la Corée du Nord, la Russie ou l’Iran, les marchés s’inquiètent et se demandent ce que nous réserve Monsieur Trump pour demain.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’incertitude qui entoure le scrutin présidentiel et les élections législatives à venir dans l’Hexagone renforce un peu plus l’aversion au risque, dans un contexte de forte progression des courants eurosceptiques.

Peu probable en conséquence que les divergences s’estompent au sein de la BCE, dont les membres devraient peiner à former un consensus permettant un durcissement de leur politique en 2017. Sur fond de décélération de l’inflation dans l’Union monétaire, l’institution pourrait même prolonger son QE l’année prochaine, en particulier si les tensions sur les marchés obligataires se confirmaient.

Techniquement, en données hebdomadaires, l’Euro évolue en plein cœur de son range. Bien que la monnaie unique ne parvienne pas à s’éloigner durablement de ses points bas annuels, la menace que fait actuellement peser la politique américaine sur la stabilité du billet vert ne permet pas de se positionner sereinement sur cet horizon. Nous sommes toujours à l’écart de la parité.