SAN FRANCISCO, 14 novembre (Reuters) - Après des mois d'euphorie sur les Google Glass, l'enthousiasme sur les lunettes intelligentes conçues par le géant américain semble retomber aussi bien auprès des développeurs d'applications que des premiers utilisateurs.

Cet accessoire équipé d'une caméra, d'un processeur et d'un écran de la taille d'un timbre poste fixé sur la monture des lunettes a été mis en vente auprès d'un public restreint le 15 avril au prix de 1.500 dollars.

Depuis Google semble lui-même avoir renoncé à le mettre sur le marché à grande échelle, aucune date de commercialisation n'étant annoncée.

Sur eBay, les Google Glass sont actuellement vendus à moitié prix, faute d'acheteurs intéressés.

D'après de nombreux développeurs, l'accessoire connecté à internet pourrait trouver son marché sur des segments de niche, dans le milieu du travail ou des loisirs, mais ses chances de faire un "carton" auprès du grand public sont réduites.

Sur 16 développeurs d'applications pour les Google Glass contactés par Reuters, neuf ont déclaré qu'ils avaient mis fin à leur projet ou abandonné tout développement, en raison principalement du faible nombre d'utilisateurs ou des limitations de l'appareil. Trois autres ont changé leur projet pour se concentrer sur les entreprises, laissant tomber le grand public.

TWITTER SE RETIRE

Certes, il reste de nombreux développeurs pour Google Glass, qui revendique quelque 100 applications dont Facebook et OpenTable. Mais les défections au sein des programmeurs se multiplient, y compris Twitter qui s'est récemment retiré du projet.

"S'il y avait eu 200 millions de Google Glass vendus, ce serait un point de vue différent. Il n'y a pas de marché pour l'instant", a déclaré Tom Frencel, le directeur général de Little Guy Games, qui a suspendu cette année ses projets sur cet accessoire pour se tourner vers d'autres plates-formes comme le casque de réalité virtuelle Oculus Rift racheté par Facebook .

Plusieurs employés clés de Google travaillant sur le développement de Google Glass ont quitté le groupe au cours des six derniers mois, dont Babak Parviz, chef développeur, Adrian Wong, ingénieur électrique et Ossama Alami, directeur des relations avec les développeurs.

Google assure cependant qu'il est toujours déterminé à mener à bien ce projet, avec des centaines d'ingénieurs et de cadres travaillant dessus, dont Ivy Ross, un ancien cadre-dirigeant de Calvin Klein.

"Nous sommes complètement engagés et engagés comme jamais sur les objets connectés et les Glass en particulier", a déclaré Chris O'Neill, à la tête de l'activité Glass du géant américain, assurant qu'un lancement grand-public aura lieu, même si cela prendra du temps.

Chris O'Neill a promis un lancement cette année, mais 2015 semble désormais la date la plus probable selon une source proche du dossier.

L'absence de date de commercialisation auprès du grand public donne l'impression aux développeurs que ce projet est toujours pour Google une sorte d'expérimentation.

"Ce n'est pas une grande plate-forme pour y jouer sérieusement", a déclaré Matthew Milan, fondateur de l'éditeur canadien Normative Design, qui a également suspendu son projet sur les Glass.

"Ca fait vraiment 'geek'", a jugé Shevetank Shah, un consultant installé à Washington, dont les Google Glass prennent désormais la poussière dans un tiroir. (Edwin Chan et Peter Henderson, Claude Chendjou pour le service français, édité par Patrick Vignal)

Valeurs citées dans l'article : eBay Inc, Google Inc, Glu Mobile Inc., Facebook Inc