par Sujata Rao

LONDRES, 28 juin (Reuters) - L'endettement à l'échelle mondiale a encore augmenté de 500 milliards de dollars pour atteindre un record de 217.000 milliards de dollars (191.000 milliards d'euros) alors que les grandes banques centrales commencent à tourner le dos à des années de politiques monétaires portées par des taux ultras-bas.

L'endettement global représente désormais 327% du produit intérieur brut mondial, montre une étude réalisée par l'Institute of International Finance (IIF).

L'IIF, l'une des sources les plus autorisées pour le suivi des flux de capitaux internationaux, met en garde contre les "risques de refinancement" liés au niveau élevé de l'endettement et au changement d'environnement avec l'inflexion des politiques monétaires, en particulier pour les pays émergents qui ont emprunté dans des devises fortes comme l'euro ou le dollar.

Leurs coûts de financement risquent de s'alourdir en cas de hausse des taux dans les pays occidentaux et d'appréciation des monnaies de ces derniers.

La dette libellée en devises fortes des pays émergents a augmenté de 200 milliards de dollars l'année dernière, son rythme de progression le plus élevé depuis 2014, et 70% des montants levés l'ont été en dollar, selon l'étude.

Les pays émergents sont confrontés à l'arrivée à échéance de plus de 1.900 milliards de dollars d'obligations et de prêts à l'horizon de la fin 2018, 15% de ce montant étant libellé en dollar. Les pays pour lesquels les échéances sont les plus élevées sont la Chine, la Russie, la Corée du Sud et la Turquie.

La hausse de l'endettement à l'échelle mondiale est en effet largement imputable aux pays émergents dont la dette a augmenté de 3.000 milliards de dollars l'année dernière pour s'établir à 56.000 milliards de dollars, soit 218% de leur PIB combiné, et cinq points de pourcentage de plus qu'un an auparavant.

La Chine a contribué à hauteur de 2.000 milliards de dollars à la hausse et affiche en endettement total de 33.000 milliards de dollars, montre l'étude de l'IIF.

"L'endettement croissant peut générer des vents contraires pour la croissance à long terme et présenter en définitive des risques pour la stabilité financière", prévient aussi l'IIF.

"Dans certains cas, la forte accumulation de dette a déjà commencé à devenir un handicap pour les notes souveraines, y compris pour des pays comme la Chine et le Canada."

Les pays développés, pris dans leur ensemble, ont continué de réduire leur endettement, à la fois public et privé, de plus de 2.000 milliards de dollars l'année dernière, une évolution principalement imputable à la zone euro.

La dette totale a augmenté de 2.000 milliards de dollars aux Etats-Unis pour dépasser 63.000 milliards à la fin du premier trimestre de cette année. (Marc Joanny pour le service français, édité par Wifrid Exbrayat)