* Kim Jong-un "ne va pas s'en tirer comme ça" - Trump

* Pyongyang évoque des tirs de missiles près de l'île de Guam

* Un préavis plus qu'une menace - expert (Actualisé avec citations de Trump sur Kim Jong-un, Pékin)

par James Oliphant et Christine Kim

BEDMINSTER, Etats-Unis/SEOUL, 11 août (Reuters) - Le ton est encore monté jeudi entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, Donald Trump menaçant cette dernière de représailles sans précédent en cas d'attaque sur les Etats-Unis ou leurs alliés.

Pyongyang a annoncé jeudi un projet de tirs de missiles vers l'île de Guam, un territoire américain dans le Pacifique.

Trump a visé plus particulièrement le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. "Il a manqué grandement manqué de respect à notre pays. Il a dit des choses horribles. Et avec moi, il ne va pas s'en tirer comme ça. Il s'en est tiré pendant longtemps, entre lui et sa famille. (...) Mais la donne a changé", a-t-il dit.

Loin d'atténuer ses propos après avoir déclaré mardi que la Corée du Nord aurait à faire face "à un feu et à une fureur que le monde n'a encore jamais vus" si elle poursuivait ses menaces contre les Etats-Unis avec ses programmes balistique et nucléaire, Donald Trump a développé sa mise en garde.

"Je lis: 'Nous serons à Guam d'ici le 15 août'. Voyons ce qu'il fait avec Guam. Il fait quelque chose à Guam, ce sera un événement jamais vu jusqu'alors, ce qui arrivera en Corée du Nord", a dit le président américain à la presse dans le New Jersey, où il rencontrait son équipe de conseillers à la sécurité nationale.

"Ce n'est pas un défi. C'est une déclaration", a poursuivi Donald Trump. "Il ne va pas continuer à menacer Guam. Et il ne va pas menacer les Etats-Unis. Et il ne va pas menacer le Japon. Et il ne va pas menacer la Corée du Sud".

Prié de dire s'il pourrait envisager une frappe préventive sur la Corée du Nord pour l'empêcher de lancer une attaque nucléaire contre les Etats-Unis, il a répondu: "Nous verrons ce qui se passe."

"La population de notre pays est en sécurité. Nos alliés sont en sécurité", a-t-il assuré en outre.

Le ton n'a fait que monter depuis plusieurs jours entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, qui multiplie les essais de missiles parallèlement à sa tentative de mise au point d'un arsenal nucléaire.

Le régime communiste de Pyongyang a annoncé jeudi l'élaboration d'ici mi-août d'un plan de "tir simultané" de quatre missiles de portée intermédiaire qui achèveront leur course dans le Pacifique à 30 à 40 km de l'île de Guam après avoir survolé le Japon.

TRUMP PENSE QUE LA CHINE PEUT S'INVESTIR DAVANTAGE

Ce projet sera soumis au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un qui décidera de son exécution, a précisé l'agence de presse officielle KCNA, citant le général Kim Rak Gyom, commandant des forces stratégiques de l'Armée populaire de Corée (APC).

Située à 3.400 km environ au sud-est de Pyongyang, l'île de Guam, dans l'archipel des Mariannes, compte près de 163.000 habitants et abrite une base de la marine américaine dotée d'un escadron de sous-marins ainsi qu'une base aérienne.

Au-delà de l'annonce de ce projet de tirs de missiles, l'agence KCNA a qualifié de "tas d'inepties" les propos de Donald Trump sur "le feu et la fureur" susceptibles de s'abattre sur la Corée du Nord.

"Un dialogue raisonnable n'est pas possible avec une telle personne dépourvue de raison et seule la force absolue peut fonctionner avec elle", a écrit KCNA.

Si la Corée du Nord menace régulièrement de détruire les Etats-Unis, la quantité de précisions fournies dans le plan dévoilé jeudi est inhabituelle.

Pour Masao Okonogi, professeur émérite spécialiste de la Corée du Nord à l'université de Keio, au Japon, l'annonce ressemble plus à un avertissement qu'à une menace.

"Je pense que c'est un message pour dire qu'ils prévoient de bouger les tests de missiles de la mer du Japon vers des zones autour de Guam", plus au sud dans la mer des Philippines, a-t-il dit à Reuters. "En fournissant un préavis, ils envoient également le message tacite que ce qu'ils vont faire n'est pas une véritable attaque."

Le gouverneur de l'île de Guam, Eddie Calvo, a estimé que l'annonce nord-coréenne témoignait d'une "position de peur" et a répété que le niveau de menace n'avait pas été relevé.

Techniquement, les Etats-Unis sont toujours en état de guerre avec la Corée du Nord, le conflit de 1950-1953 qui a abouti à la division de la péninsule s'étant terminé par un simple armistice, et non un traité de paix.

Donald Trump a jugé jeudi que la Chine pouvait faire davantage pour calmer la situation en intervenant auprès de la Corée du Nord, dont elle est le seul allié de taille sur la scène internationale.

"Je pense que la Chine peut faire beaucoup plus, oui (...) Et je pense que la Chine va faire beaucoup plus", a-t-il dit.

Il a laissé entendre en outre que son ambition de réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine pourrait être modérée en cas d'aide de Pékin sur le dossier nord-coréen.

"Ca ne va pas continuer comme ça", a-t-il dit des relations commerciales sino-américaines, jugées défavorables aux Etats-Unis. "Mais si la Chine nous aide, mes sentiments à l'égard du commerce seront bien différents", a-t-il immédiatement ajouté. (Avec Daniel Bases à New York, David Brunnstrom à Washington, Soyoung Kim à Séoul, William Mallard, Tim Kelly, Kiyoshi Takenaka et Linda Sieg à Tokyo, Ben Blanchard et Michael Martina à Pékin, Jamie Freed à Singapour et John Ruwitch in Shanghaï; Julie Carriat, Gilles Trequesser et Bertrand Boucey pour le service français)