(Bien lire "fin mai ou début juin" au §1)

* James Comey livrera un témoignage très attendu en audience publique

* Son limogeage m'a ôté "une grande pression", aurait dit Trump

* Un conseiller du président intéresse les enquêteurs

* Le chef de la Maison blanche a quitté Washington pour une tournée à l'étranger

par Eric Beech et Jeff Mason

WASHINGTON, 20 mai (Reuters) - L'ancien directeur du FBI James Comey, dont le limogeage par Donald Trump a provoqué une tempête politique à Washington, a accepté de témoigner devant la commission sénatoriale du Renseignement lors d'une audience publique qui aura lieu fin mai ou début juin.

"J'espère qu'il éclaircira pour le peuple américain de récents événements dont les médias ont largement rendu compte", a déclaré dans un communiqué le président de la commission, le républicain Richard Burr, en annonçant l'information.

L'audience aura lieu après le Memorial Day, qui a lieu le 29 mai.

James Comey, qui supervisait une enquête du FBI sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, ne s'est pas exprimé publiquement depuis sa mise à l'écart le 9 mai dernier.

Depuis son renvoi surprise et les révélations en cascade qui ont suivi, le président américain et sa pratique présidentielle font l'objet de nombreuses critiques.

Selon le New York Times, Donald Trump a demandé en février dernier à James Comey de clore l'enquête du FBI sur les contacts russes de son ex-conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, ce qui pourrait constituer un délit d'obstruction à la justice.

Face aux pressions des élus républicains et démocrates, le département de la Justice a annoncé mercredi la nomination d'un procureur spécial, décision rare, pour enquêter sur les liens entre Moscou et l'équipe de campagne de Trump.

Le président américain a critiqué cette initiative, évoquant la "pire chasse aux sorcières de l'histoire américaine".

Selon un sondage Reuters/Ipsos publié vendredi, la cote de popularité du président est tombée à son plus bas niveau depuis son investiture le 20 janvier, 38% des Américains approuvant son action contre 56% qui la désapprouvent, le reste ayant des "sentiments partagés".

PRESSION

Vendredi, alors que Donald Trump prenait l'avion en direction de l'Arabie saoudite pour son premier voyage à l'étranger, qui le mènera jusqu'au sommet du G7 en Sicile, le Washington Post révélait que l'enquête judiciaire sur l'ingérence présumée de la Russie s'intéressait particulièrement à un haut responsable en fonction à la Maison blanche.

Le quotidien précise que ce proche conseiller du président est considéré par les enquêteurs comme une personne d'intérêt, ce qui signifie qu'elle peut coopérer aux investigations ou disposer d'informations intéressantes.

Réagissant à l'article, le porte-parole de la Maison blanche Sean Spicer a répété ce qu'avait dit Donald Trump ces derniers jours: "Une enquête approfondie confirmera qu'il n'y a pas eu collusion entre la campagne et une quelconque entité étrangère."

Parallèlement, le New York Times a rapporté que Donald Trump avait déclaré à des responsables russes la semaine dernière que le limogeage de James Comey lui avait ôté "une grande pression" dans l'enquête sur une éventuelle implication de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016.

Cette information du New York Times semble conforter l'idée, évoquée par Donald Trump lui-même dans une interview télévisée la semaine passée, que la question russe avait motivé le limogeage de James Comey.

La Maison blanche a livré au fil des jours plusieurs explications plus ou moins contradictoires sur le renvoi du patron du FBI, lui reprochant dans un premier temps sa mauvaise gestion de l'affaire des courriels d'Hillary Clinton.

Interrogé sur l'article du Times, Sean Spicer a déclaré qu'"en donnant un tour politique à l'enquête sur les actes de la Russie, James Comey a créé des pressions inutiles sur notre capacité à discuter et négocier avec la Russie".

Moscou dément toute ingérence dans l'élection américaine.

"L'enquête aurait toujours continué et à l'évidence, le limogeage de Comey n'y aurait pas mis un terme", a ajouté Sean Spicer. Le vrai sujet, ce sont les "conversations privées et hautement confidentielles" qui fuitent dans les médias, a estimé le porte-parole de la Maison blanche.

OBSTRUCTION

Les démocrates, qui comparent la crise en cours au scandale du Watergate qui avait eu raison de la présidence de Richard Nixon en 1974, ont rapidement réagi aux derniers "scoops" du Post et du Times.

Le sénateur Edward Markey a évoqué des "révélations sismiques" et s'est demandé si les Etats-Unis ne se dirigeaient pas vers une crise constitutionnelle.

"C'est un tournant dans toute l'enquête sur la collusion avec la Russie", a déclaré l'élu sur MSNBC. "Cela souligne très clairement que ce que Donald Trump essayait de faire, c'est de mettre fin à l'enquête."

"C'est ce qui ressemble à de l'OBSTRUCTION: 'Je subissais de grandes pressions à cause de la Russie. Elles ont disparu', a écrit sur Twitter Patrick Leahy, un autre sénateur démocrate, en reprenant les propos de Trump tels que rapportés par le Times.

(Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)