VIENNE, 16 décembre (Reuters) - Le jeune chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz a conclu un accord de gouvernement avec l'extrême droite qu'il devrait présenter ce samedi à l'ÖVP, son parti, et au président Alexander Van der Bellen avant d'en dévoiler les détails.

Le Parti de la liberté (FPÖ), présidé par Heinz-Christian Strache, retrouve les cabinets ministériels de Vienne pour la première fois depuis le gouvernement de Wolfgang Schüssel entre 2000 et 2005, époque où le FPÖ était dirigé par Jörg Haider.

L'Autriche devient ainsi le seul pays d'Europe occidentale avec un parti d'extrême droite représenté au gouvernement.

L'ÖVP (Parti populaire autrichien) a remporté les élections législatives du 15 octobre dernier avec 31,5% des voix après une campagne centrée sur la lutte contre l'immigration.

Le FPÖ est arrivé troisième avec 26% des suffrages, juste derrière les sociaux-démocrates du chancelier sortant Christian Kern (27%).

Sebastian Kurz, qui sera à 31 ans le chef de gouvernement le plus jeune d'Europe, s'est rendu samedi matin au palais de la Hofburg pour y présenter son accord de coalition au président Van der Bellen, un ancien dirigeant écologiste élu de justesse à la présidence en 2015 contre le candidat du FPÖ.

Après ce qui ce s'annonce comme une formalité, Sebastian Kurz et Heinz-Christian Strache dévoileront leur programme à leurs partis respectifs.

Le FPÖ, qui devrait hériter des portefeuilles régaliens des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Défense, a notoirement adouci son discours anti-Union européenne ces dernières années et Sebastian Kurz s'est voulu plusieurs fois rassurant sur la tonalité pro-UE de son futur gouvernement.

De source proche des négociations, on indique que le FPÖ, qui prône davantage de démocratie directe, a dû accepter d'exclure d'un éventuel référendum la question de l'appartenance de l'Autriche à l'UE.

Kurz et Strache sont en revanche d'accord pour s'opposer à une plus grande intégration européenne, notamment sur les questions sociales.

Lors de l'entrée du FPÖ de Jörg Haider au gouvernement en 2000, les autres pays membres de l'UE, au nombre de 14 à l'époque, avaient imposé à Vienne des sanctions diplomatiques, de portée essentiellement symbolique.

Un scénario peu susceptible de se reproduire aujourd'hui, alors que les partis anti-immigration ou anti-système ont renforcé leurs positions sur tout le continent. (Shadia Nasralla; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)