La BCE mène une politique monétaire sans précédent qui conjugue taux d'intérêt négatifs et achats massifs de titres sur les marchés financiers dans le but affiché de soutenir la croissance et d'empêcher la zone euro d'être entraînée dans une spirale déflationniste.

Mais la croissance économique des 19 reste lente et l'inflation n'est que légèrement supérieure à zéro, loin de l'objectif d'un taux légèrement inférieur à 2% que s'est fixé la banque centrale. Cette dernière est ainsi régulièrement attaquée pour l'inefficacité de sa politique.

Les chiffres publiés jeudi pourraient donc offrir un peu de répit à son président Mario Draghi, encore contraint mercredi au Bundestag de défendre sa cause face à des députés allemands qui critiquent l'impact des taux négatifs sur les banques et les épargnants.

"Hourra, les prix montent ! Cela peut sembler dingue mais c'est logique, parce que l'évolution des prix montre que les risques de déflation sont écartés pour l'instant", a ainsi commenté Jörg Zeuner, économiste de la banque publique allemande KfW.

Il a ajouté s'attendre à ce que le taux d'inflation en Allemagne se rapproche du seuil des 2% au début de l'an prochain.

"Dans l'hypothèse d'une évolution comparable dans la zone euro, cela permettra à la BCE d'envisager une sortie en douceur de son programme d'achats d'obligations en 2017", a-t-il dit.

"LA POLITIQUE DE LA BCE POURRAIT FONCTIONNER, APRÈS TOUT"

L'inflation allemande calculée en données harmonisées aux normes européennes (IPCH), est ressortie à 0,5% en rythme annuel en septembre, après 0,3% en août, a annoncé l'Office fédéral de la statistique.

Ce chiffre, conforme aux attentes des économistes interrogés par Reuters, est le plus élevé qui ait été enregistré depuis le mois de mai 2015.

Les prix de l'énergie restent le principal frein à l'inflation allemande mais leur impact s'est atténué, montre le détail des chiffres calculés aux normes nationales. Parallèlement, la hausse des loyers s'est accélérée en août, tandis que celle des prix alimentaires ralentissait.

En Espagne, l'inflation aux normes IPCH ressort à 0,1% en rythme annuel en septembre, le premier chiffre positif depuis mai 2014. Et les chiffres aux normes nationales confirment cette inversion de tendance, avec une hausse des prix de 0,3% sur un an, la première depuis juillet 2015, après une baisse de 0,1% en août.

Pour Geoffrey Minne, économiste d'ING, les statistiques espagnoles constituent "un signe montrant que la politique de la BCE pourrait fonctionner, après tout".

Mais il ajoute que l'inflation dans l'ensemble de la zone euro reste très loin de l'objectif visé. "De ce point de vue, la politique monétaire de la BCE devrait rester accommodante pendant encore un certain temps".

La première estimation de l'inflation annuelle dans la zone euro en septembre doit être publiée vendredi et les économistes interrogés par Reuters prévoient en moyenne une hausse à 0,4% après 0,2% en août. Si ce pronostic s'avère exact, l'inflation aura atteint son plus haut niveau depuis octobre 2014.

(avec Joseph Nasr et Reinhard Becker à Berlin; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Michael Nienaber et Paul Day