La clôture des indices actions hier ressemble à un patchwork. En d'autres termes, certains marchés ont terminé dans le vert, d'autres dans le rouge, mais avec des écarts relativement contenus. Mention spéciale au vieux Dow Jones, qui a un peu réduit son passif avec le jeune et fringant Nasdaq en reprenant 0,8% hier, tiré par ses valeurs financières. Les grosses banques américaines ont passé et réussi le dernier test de résistance aux tensions économiques de la Fed, ce qui a galvanisé le marché. Non solum parce que cela donne une image rassurante du système financier, sed etiam car cela sécurise le versement des généreux dividendes dont ces établissements gratifient généralement leurs actionnaires. En Europe, le luxueux CAC40 français, le très bancaire IBEX espagnol et le fantasque MIB italien ont clôturé en hausse, pendant que le FTSE britannique coiffait le bonnet d'âne. Le Royaume-Uni continue à marquer des points de décadence (notez que la France le fait très bien aussi) en se retrouvant, en plus du reste, à devoir gérer la débâcle de la Générale des Eaux locale, Thames Water.

Ceci dit globalement, le synopsis général n'a pas beaucoup bougé : les marchés actions ont envie de monter mais ils ont peur des taux élevés et de la récession qui doit s'ensuivre. Mais comme la récession qui doit s'ensuivre ne pointe toujours pas le bout de son nez, les marchés actions se portent plutôt bien. Les dernières statistiques américaines montrent en effet que tout roule un peu trop bien, si l'on excepte bien sûr l'accroissement de l'écart de richesse induit par la hausse des actifs financiers et la baisse du pouvoir d'achat. L'emploi reste à des niveaux élevés, les secteurs économiques qui sont en première ligne face aux taux élevés, genre immobilier, ne craquent pas et l'Oncle Sam se paie même le luxe d'afficher une troisième et dernière lecture de son PIB du premier trimestre nettement plus favorable que prévu. A ce titre, je note que c'est une lecture passée, qui ne devrait pas réjouir tant que ça le marché trois mois plus tard. Et aussi que les statisticiens s'étaient sévèrement plantés, ce qui soulève d'autres questions.

Cette situation a entraîné une réaction plutôt logique du marché obligataire hier aux Etats-Unis. Les rendements des bons du trésor US se sont tendus et l'inversion de la courbe des taux s'est intensifiée. En gros, cela signifie d'une part que le marché souscrit de plus en plus à deux nouvelles hausses de taux de la Fed cette année. Et d'autre part qu'il pense de plus en plus que cela renforce le risque d'une récession. Business as usual en fait : les financiers craignent un coup de frein économique qui ne vient pas. Alors ils reportent le calendrier. Cette situation ne peut toutefois pas se répéter ad nauseam : à un moment, un truc doit casser. Mais ce n'est pas encore le cas.

On change de continent. En Europe, l'inflation allemande est plus forte que prévu, mais la surchauffe des prix ralentit nettement en Italie ou en Espagne. Il y a plusieurs façons d'interpréter cette phrase. Je vais vous donner la plus pragmatique possible : la BCE ne doit pas être ravie-ravie d'une telle configuration, qui désaligne considérablement les intérêts des pays de la zone euro vis-à-vis de la politique monétaire. Avec, évidemment, une divergence entre l'Allemagne et d'autres économies importantes de la région, sinon ce ne serait pas marrant.

Ailleurs, les cambistes font grand cas du retour du yen autour de la barre de 145 JPY pour 1 USD, c’est-à-dire non loin du cours de l'intervention de la Banque du Japon l'année dernière. En France, les petits actionnaires ont pris conscience que si un sauvetage de Casino doit intervenir, ce sera au prix d'une dilution XXL. C'est toujours la même chose dans ce genre d'affaire, et pourtant les particuliers se font encore prendre : les conversions de dette en capital se font TOUJOURS au détriment des actionnaires existants. Et plus la situation est dégradée, moins il y a à prendre. Deux sociétés en exercice décalé ont publié leurs résultats : Nike aux Etats-Unis hier soir et Sodexo en Europe ce matin.

Pour en revenir au préambule, il y aura une grosse série d'indicateurs aux Etats-Unis cet après-midi, dont l'inflation PCE qui est une mesure scrutée de près par la Fed. En Europe, les chiffres de l'inflation de la France et de la zone euro, ce matin, donneront une meilleure idée de l'ampleur du problème de la BCE s'ils divergent de ceux de l'Allemagne. Enfin cette nuit, la Chine a publié ses derniers indicateurs PMI. La version manufacturière est conforme aux attentes mais toujours en zone de contraction. Celle des services est en zone d'expansion mais inférieure aux prévisions. Du coup l'histoire ne devrait pas changer beaucoup : l'économie chinoise est toujours à la peine.

Le semestre s'achève en ordre dispersé en Asie. Le Nikkei 225, qui a gagné 27% en 2023, rend 0,4% ce matin. La Chine, l'Inde et la Corée gagnent du terrain. L'Australie grappille 0,1% et termine le premier semestre sur un petit +2,2% du côté de l'ASX200. Les indicateurs avancés européens sont légèrement haussiers. Le CAC40 a démarré en hausse de 0,4% à 7344 points.

Les temps forts économiques du jour

Les estimations de l'inflation de juin pour la France (8h45) et la zone euro (11h00) animeront la matinée, avant aux Etats-Unis l'inflation PCE, les revenus et dépenses des ménages (14h30), l'indice PMI de Chicago (15h45) et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan (16h00). Tout l'agenda ici. Ce matin, la Chine a annoncé un PMI manufacturier à 49 points (conforme aux attentes) et un PMI des services à 53,2 points (légèrement en-deçà des anticipations).

L'euro se négocie 1,0867 USD. L'once d'or est stable à 1908 USD. Le pétrole a reprend quelques cents, avec un Brent de Mer du Nord à 74,66 USD le baril et un brut léger américain WTI à 70,04 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans bondit à 3,84%. Le bitcoin reste au contact de 30 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Acciona : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 178 à 186 EUR.
  • Accor : Goldman Sachs passe de vendre à un autre en visant 35 EUR.
  • Alfa Laval : DNB passe de conserver à acheter en visant 435 SEK.
  • Amadeus : Morningstar passe de conserver à vendre en visant 60 EUR
  • Anglo American : BMO reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 3500 à 2800 GBp.
  • Aviva : HSBC passe de conserver à acheter en visant 480 GBp.
  • BHP : BMO reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 3000 à 2800 GBp.
  • BP Plc : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 700 à 650 GBp.
  • Boliden : BMO reste la performance de marché avec un objectif de cours réduit de 375 à 300 SEK.
  • Compagnie Financière Richemont : Stifel reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 173 à 175 CHF.
  • Crédit Agricole : Morningstar reprend le suivi à l'achat en visant 14,50 EUR.
  • Ekopak : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 20 à 25 EUR.
  • EMS-Chemie : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 740 à 720 CHF.
  • Engie : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 17 à 16,50 EUR
  • Equinor : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 400 à 390 NOK.
  • EssilorLuxottica : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 210 à 220 EUR.
  • Evonik : J.P. Morgan resta surpondérer avec un objectif de cours réduit de 27 à 25 EUR.
  • Fastned : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 42 EUR.
  • Galp : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15 à 16 EUR.
  • Hennes & Mauritz : Telsey reste à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 150 à 200 SEK.
  • Ipsen : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 115 à 120 EUR.
  • Jeronimo Martins : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 23 à 25,60 EUR.
  • LVMH : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1004 à 993 EUR.
  • Renault : Morningstar reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 83 à 86 EUR.
  • Repsol : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 20 à 19 EUR.
  • Rio Tinto : BMO reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 6500 à 6000 GBp.
  • Roche : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 375 à 385 CHF.
  • Shell : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 40 à 39 EUR.
  • Siemens AG : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 188 à 200 EUR.
  • Société Générale : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 34 EUR.
  • Steico : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 45 EUR.
  • TotalEnergies : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 70 à 66 EUR.
  • Umicore : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 36 à 30 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Sodexo : après une croissance à deux chiffres au T3 fiscal, le groupe relève ses objectifs.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Engie relève ses objectifs 2023.
  • Stellantis signe un accord et investit 5 M€ dans Kuniko.
  • Air Liquide vend sa participation minoritaire dans Hydrogenics à Cummins.
  • Ipsen et Genfit obtiennent des résultats positifs en phase III avec Elafibranor chez des patients atteints de cholangite biliaire primitive. Des demandes d'AMM devraient suivre.
  • Momentum noue un partenariat avec Eutelsat et OneWeb.
  • Obiz finalise son rapprochement avec Ski Loisirs Diffusion.
  • Vantiva s'associe à Orange Belgique pour déployer la Livebox.
  • Lhyfe a un projet d'hydrogène vert en Touraine.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Fiducial Real Estate, Fiducial Office Solutions, ZCCM

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Nike : le titre perd 4,4% hors séance après des résultats jugés décevants.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Silver Lake est monté à 63% de Software AG et envisage son retrait de la cote.
  • Volkswagen se sépare prématurément du PDG de sa filiale Audi. Par ailleurs, le groupe allemand veut utiliser le réseau de recharge de Tesla pour les voitures électriques en Amérique du Nord.
  • KKR augmente encore l'offre sur Circor à 56 USD dans le cadre de la guerre d'offres avec Arcline.
  • L'autorité espagnole de régulation des marchés boursiers suspend la négociation des actions d'Applus.
  • Overstock a l'intention de supprimer sa raison sociale et de se rebaptiser Bed Bath & Beyond.
  • TechnipFMC remporte un contrat d'au moins 75 M$ pour le projet gazier Berling d'OMV en Norvège.
  • Starboard prend une participation d'environ 5% dans Algonquin Power, selon le WSJ.
  • Le principal actionnaire d'Alma Media lance une OPA à 9,10 EUR.
  • Les principales publications du jour : Constellation Brands, SodexoTout l'agenda ici.

Lectures