ROME, 24 juillet (Reuters) - L'initiative diplomatique de la France sur la Libye fait grincer des dents à Rome, où certains responsables disaient lundi y voir un nouvel exemple de la manière dont le président Emmanuel Macron snobe l'Italie.

Les dirigeants des deux camps rivaux libyens, le gouvernement du gouvernement d'union nationale (GNA) soutenu par l'Onu, Fayez Seraj, et le chef militaire Khalifa Haftar, qui tient la Cyrénaïque, se retrouvent mardi à la Celle-Saint-Cloud dans les Yvelines, à l'invitation du président Macron, qui a fait du retour de la stabilité en Libye une de ses priorités diplomatiques.

L'Italie avait jusque-là été à la pointe des efforts pour ramener la paix dans son ancienne colonie d'Afrique du Nord, se rangeant résolument derrière Fayez Seraj et ne cachant pas son profond scepticisme envers Khalifa Haftar.

"Macron veut s'impliquer beaucoup plus en Libye. C'est bien, mais il nous snobe. Nous n'avons pas été consultés", déclarait lundi un diplomate au ministère italien des Affaires étrangères, sous le sceau de l'anonymat. "Cela a fortement irrité", a-t-il ajouté.

Interrogé au sujet de l'initiative française, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, a répondu laconiquement: "On va voir. J'espère que cela sera positif".

Pour l'ancien président italien de la Commission européenne Romano Prodi, Emmanuel Macron fait passer d'abord les intérêts de la France, aux dépens de l'Italie. De ce fait, avertit-il, il ne pourra pas toujours compter sur le soutien de Rome au sein de l'Union européenne.

"La solidarité est peut-être symétrique. Pour recevoir, vous devez donner", écrivait Prodi dimanche dans le journal Il Messaggero, estimant qu'Emmanuel Macron "marginalise particulièrement" Rome.

Certains membres de l'opposition ont accusé le gouvernement Gentiloni de marginaliser l'Italie sur la question libyenne.

"La réunion sur la Libye organisée par la France(...)illustre l'échec total de la politique étrangère (de Rome)", a estimé sur Twitter Giorgia Meloni, une des responsables du parti Frères d'Italie (droite nationaliste).

Quant au journaliste de télévision Bruno Vespa, il estime que l'Italie a été "cocufiée" par la France. "Révoltez-vous!", lance-t-il sur Twitter à l'adresse de Gentiloni et du chef de la diplomatie italienne, Angelino Alfano. (Crispian Balmer; Eric Faye pour le service français)