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HARARE, 9 août (Reuters) - L'ancien ministre zimbabwéen des Finances et dirigeant d'opposition Tendai Biti a comparu jeudi devant la justice afin d'être inculpé pour avoir attisé les violences post-électorales.

Tendai Biti, dont le parti, le PDP, avait formé une alliance électorale avec le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Nelson Chamisa, a cherché à obtenir l'asile en Zambie voisine mercredi mais sa demande a été rejetée et il a été refoulé vers le Zimbabwe, où il a été interpellé.

Il est inculpé par ailleurs pour avoir illégalement et faussement annoncé les résultats des élections, que Nelson Chamisa considère comme frauduleux et qu'il entend contester vendredi devant la Cour constitutionnelle.

S'il est reconnu coupable, Tendai Biti est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison, ou bien d'une amende, ou alors d'une peine de réclusion et d'une amende. Libéré sous caution jeudi, il doit comparaître de nouveau vendredi.

Les autorités zimbabwéennes accusent Tendai Biti, ainsi que sept autres personnalités de l'opposition, d'avoir fomenté les troubles qui ont suivi les élections présidentielle et législatives controversées du 30 juillet. Le président sortant, Emmerson Mnangagwa, a été déclaré vainqueur du scrutin présidentiel.

Avant de demander l'asile à la Zambie, Tendai Biti était passé dans la clandestinité la semaine dernière. La répression exercée par l'armée contre les manifestants qui contestaient les résultats électoraux a fait six morts.

Dans un communiqué commun diffusé par leurs missions diplomatiques à Harare, l'Union européenne, les Etats-Unis, l'Australie et le Canada se sont déclarés "vivement préoccupés par les informations continuant de faire état du harcèlement de partisans de l'opposition par les forces de sécurité du Zimbabwe".

Les Etats-Unis ont convoqué les ambassadeurs de Zambie et du Zimbabwe pour leur faire part de leur préoccupation. Washington se dit inquiet face aux informations faisant état de détentions, de passages à tabac et autres atteintes visant des opposants, notamment l'expulsion par la Zambie de Tendai Biti.

Quant au HCR (Agence des Nations unies pour les réfugiés), il a estimé qu'il pourrait y avoir violation du droit international s'il s'avérait que les autorités zambiennes avaient livré Tendai Biti au Zimbabwe malgré une injonction de justice contraire. L'avocat de Biti affirme que la Haute Cour de Zambie avait décidé qu'il ne devait pas être renvoyé dans son pays. (Chris Mfula et MacDonald Dzirutwe; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)