* Damas aurait accepté de discuter de transition politique

* La Russie aurait fait pression sur les délégués gouvernementaux

* L'opposition doit rencontrer le vice-ministre russe des AE (Ajoute source gouvernementale §4)

par John Irish et Tom Miles

GENEVE, 1er mars (Reuters) - L'opposition syrienne a évoqué mercredi un premier signe de progrès dans les négociations de paix de Genève, annonçant que les délégués de Damas avaient, sous la pression de la Russie, accepté pour la première fois d'aborder la question d'une transition politique.

Après six jours de tractations sous l'égide des Nations unies consacrées uniquement au format des discussions, le négociateur de l'opposition Nasser al Hariri est sorti d'un entretien de deux heures avec l'émissaire de l'Onu Staffan de Mistura en évoquant un "bon départ".

"Il y a eu de véritables discussions sur le fond, pour la première fois", a-t-il dit. "Nous notons que désormais, la question de la transition politique est devenue le principal sujet sur la table."

Selon une source proche de la délégation gouvernementale, les négociateurs de Damas ont eu deux jours de discussions approfondies et constructives avec Staffan de Mistura et accepté de discuter de questions politiques, mais également réussi à placer la lutte contre le terrorisme au menu des négociations.

L'opposition insiste sur la transition politique, qu'elle voit comme un moyen de mettre un terme au règne autocrate du président syrien Bachar al Assad.

Mais le gouvernement syrien, qui a abordé ces négociations après des victoires militaires majeures sur le terrain, s'était jusque-là refusé à en débattre.

Selon Nasser al Hariri, le chef de la délégation gouvernementale, Bachar Djaafari, a été contraint par Moscou de lâcher cette concession.

"Nous avons appris par de Mistura qu'en raison de la pression exercée par la Russie - et c'est un signe qui peut paraître encourageant à première vue -, il y avait accord pour aborder les questions inscrites dans (la résolution du Conseil de sécurité) 2254 et, ce qui est le plus important, la transition politique", a déclaré Nasser al Hariri.

BOMBARDEMENTS AU NORD-EST DE DAMAS

La résolution 2254, adoptée en décembre 2015, définit un processus de transition politique comprenant notamment l'adoption d'une nouvelle Constitution, l'organisation d'élections supervisées par l'Onu et un mode de gouvernement transparent et responsable.

Hariri devait encore rencontrer dans la journée de mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, ce qu'un diplomate occidental présente comme une "étape importante", observant que lors des précédents pourparlers de Genève il y a dix mois, la Russie, comme la Syrie, considérait les représentants de l'opposition comme des terroristes.

Selon deux diplomates occidentaux, les délégués du gouvernement syrien ont bien accepté d'examiner trois solutions politiques présentées par Staffan de Mistura. Mais ils ont également réitéré leur position affichée de longue date selon laquelle les discussions sur la lutte antiterroriste doivent être prioritaires et intégrées dans les négociations.

"On peut se demander si ce n'est pas encore une ruse pour gagner du temps", a commenté l'un de ces diplomates.

Hariri a également accusé la délégation gouvernementale de chercher à entraver les progrès dans les discussions et à accroître la violence sur le terrain pour saborder le processus de négociation.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), a rapporté que les bombardements gouvernementaux sur la périphérie nord-est de Damas s'étaient intensifiés mercredi.

Des combats entre forces loyalistes et rebelles ont coûté la vie à 13 militaires syriens, a-t-il ajouté.

Le cessez-le-feu conclu fin décembre sous le parrainage de la Russie et de la Turquie est loin d'avoir mis fin aux affrontements.

Moscou a annoncé que de nouvelles discussions "techniques" sur la trêve auraient lieu le 14 mars à Astana, au Kazakhstan. (Avec Kinda Makieh à Damas; Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)