Les autorités monétaires ont validé une baisse des taux refi (ou refinancement) certes symbolique à 0.05 % mais, et surtout, les rachats d’actifs qui devraient se réaliser massivement lors des prochains trimestres.

Il s’agit de la sixième baisse graduelle consécutive de ce taux depuis les 1.50% de l’été 2011 (voir graphique ci-dessous).


Evolution du taux de refinancement de la Banque centrale européenne




Cette nouvelle baisse du taux refi a pour but d’accentuer les écarts entre les taux monétaires européens et ceux notamment des Etats-Unis, afin de peser sur la valeur de l’euro (d’où les 200 pips cédés face au dollar, le jour de l’annonce).

Cela permet également de préparer l’émission des prochains TLTROs (targeted long-term refinancing operation) basés sur ce fameux taux refi de 0,05 %. Ces refinancements sur 4 ans vont débuter courant septembre de cette année. La technique permet de refinancer les banques d’une partie de leur crédit aux entreprises et particuliers afin de relancer le crédit bancaire sans surcharger leurs propres bilans.

Quel en est le mécanisme ? Il s’agit de désengorger le bilan des banques commerciales des crédits bancaires avec le jeu des titrisations et par conséquent, de transférer le risque des banques vers celui de la banque centrale. Ces mouvements concernent les ABS (Asset Backed Securities) qui sont, soit disant, les titres les moins risqués (d’où leur appellation).
Le montant global de ces mesures reste à définir mais il devrait se situer entre 700 et 1000 milliards d’euros, ce qui dans le cas maximum porterait le bilan de l’entité monétaire européenne à hauteur des 3000 milliards, soit le niveau de la crise financière en 2012 (voir graphique ci-dessous).


Bilan de la BCE (en milliard d'euros)




Les effets de ces annonces ne pourront se vérifier qu’au bout de plusieurs mois.

Reste à savoir ce qu’il adviendra de tous ces actifs en cas de remontée des taux …initiée par elle même d’ailleurs !!
Tout le monde s’accorde à penser que la BCE ne peut faire faillite. C’est vrai au niveau juridique, mais économiquement elle ne pourrait pas supporter des pertes supérieures à ses fonds propres ; sans oublier que ce sont les Etats européens qui sont actionnaires et qui devraient remettre au pot !!

Ces mesures ne trouvent pas forcement une bonne résonance en Allemagne. En effet, le bon élève de la zone euro reproche à la banque centrale d’entretenir plus la passivité des Etats plutôt que de les encourager à mettre en place les ajustements sociaux nécessaires : les gouvernements trouvant dans l’attitude la BCE, un filet de sécurité. Mme Merkel s’était déjà fortement opposée à l’achat de titres publics, ce que n’a pas osé mettre en place Mario Drgahi.

En Allemagne, on n’hésite pas à écrire que ces nouvelles mesures « donnent le vertige ! »  et à mettre en relief que les clés de la croissance résident chez les gouvernements et non pas chez la BCE.
Sans les Etats, la BCE ne peut rien faire…