Des membres du Parti républicain se demandent si un bref défaut ne serait pas un prix à payer acceptable si cela conforte leur position dans les négociations menées avec le Maison Blanche en vue de relever le plafond d'endettement.

Fitch a ajouté qu'elle pourrait qualifier la dette souveraine des Etats-Unis en "défaut limité" (restricted default) si le Trésor ne remboursait pas certaines échéances obligataires le 15 août.

"Même un 'défaut technique' suggèrerait une crise de 'gouvernance' du point de vue de la note souveraine et de sa notation", explique l'agence dans un communiqué.

"Même si un tel événement (comme un défaut de courte durée sur des bons du Trésor) n'entraverait peut-être pas la capacité des Etats-Unis à honorer ses obligations, il est peu probable que leur statut 'AAA' serait conservé à court et moyen termes".

L'agence explique aussi que la note souveraine des Etats-Unis sera placée sous surveillance avec implication négative si le plafond de la dette n'est pas relevé d'ici au 2 août ou d'ici toute autre date limite qui serait fixée par le Trésor.

"Le fait de ne pas relever le plafond de la dette en temps opportun impliquerait une crise de gouvernance qui pourrait remettre en cause le statut 'AAA' des Etats-Unis", a dit David Riley, chef des notes souveraines chez Fitch.

"Mais surtout, un défaut du premier emprunteur mondial et émetteur de la première monnaie de réserve serait exceptionnel et menacerait une stabilité financière encore fragile aux USA et dans le monde, surtout dans le contexte de la crise de la dette souveraine européenne".

TOUT SE DÉNOUE

Le Trésor américain a réagi en déclarant que Fitch avait adressé un avertissement sans frais au Congrès afin qu'il prononce rapidement, et de préférence avant la date limite du 2 août, un relèvement du plafond de la dette, lequel est actuellement de 14.300 milliards de dollars.

Sinon, a prévenu le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, les Etats-Unis s'exposent à un défaut catastrophique aux conséquences incalculables sur les marchés financiers.

La Maison blanche a réagi dans le même sens, en disant que la décision de Fitch montre qu'il n'y a "pas d'alternative à un relèvement du plafond de la dette".

James Bullard, président de la Réserve fédérale de St.Louis a estimé que la perspective d'un défaut des Etats-Unis était le plus grand risque pesant sur l'économie mondiale.

"La situation budgétaire américaine, si elle n'est pas pilotée correctement, pourrait se transformer en choc mondial. L'idée que les Etats-Unis pourraient faire défaut est une idée dangereuse", a-t-il dit à Reuters.

Olli Rehn, commissaire européen des Affaires économiques et monétaires, s'est également montré alarmiste en disant que la situation concernant le déficit budgétaire américain et la dette du pays était "très sérieuse".

"A ce stade, il est difficile d'être excessivement optimiste sur un accord (entre républicains et démocrates) à court terme", a-t-il ajouté.

Moody's avait déjà dit jeudi dernier qu'elle envisagerait de réduire la note des USA si le Congrès n'avait pas progressé d'ici la mi-juillet sur les questions du déficit budgétaire et de l'endettement.

L'agence Fitch dit toutefois penser qu'un accord sera en définitive conclu au Congrès pour relever ce plafond et éviter tout défaut.

Pourtant, son analyste David Riley juge qu'"à l'évidence, les signaux politiques venant (de Washington) sont une source d'inquiétude".

"Mais nous savons par expérience (...) que la stratégie du pire ne va jamais jusqu'au bout et qu'en définitive tout se dénoue", a-t-il dit, dans un entretien à Reuters.

Walter Brandimarte, Daniel Bases et Burton Frierson; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten